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De l'humanisme en psychothérapie

"Homo sum ; humani nihil a me alienum puto"

"Je suis homme, et rien de ce qui est humain ne m'est étranger." Terence

"La thérapie ne doit pas être conduite par la théorie mais par la relation avec le patient." Irvin Yalom, p. 16

Quand on parle de psychothérapie, en France, beaucoup de gens pensent tout de suite à l'ambiance d'un cabinet feutré, à la Psychanalyse "philosophique", ou aux TCC "scientifiques".

"Vas-y : parle..."

Ce sont d'ailleurs encore les deux plus enseignées à l'université (française).

Cependant, il y a bien plus de conceptions de comment la psyché fonctionne qu'on ne l'imagine. Avec des théories, des paradigmes et des techniques différentes...

D'ailleurs, même certains psy' un peu trop scolaires ignorent la richesse, l'importance et la profusion de théories et de pratiques psychothérapeutiques (ne parlons donc même pas de leurs lacunes dans les domaines psychocorporels, philosophiques et/ou spirituels...), et, et c'est le comble, font l'erreur fondamentale du "pêché d'arrogance" - celui qui consiste à penser qu'on a tout compris sur tout.

Retrouvons ensemble le sens de la curiosité...

Alors constatons simplement que dans la "guerre des écoles", Psychanalyse Freudienne et Lacanienne et TCC ont encore le vent en poupe en France.

Tout juste certains psy' ont entendu parlé de :

"Psychothérapies Plurielles" et "Psychothérapies Intégratives",

pourtant, à mon avis, essentiels eux-aussi à la compréhension de la richesse et de la variété de l'être humain, des interprétations des signes et symptômes, et de l'action thérapeutique (et à ne pas s'enfermer dans le dogme d'une école unique).

Dans certains pays, certaines méthodes ont plus de crédit que dans d'autres - histoire d'histoires et histoire de culture.

Je vais vous présenter une des plus réputées dans le monde, importante au niveau historique, et qui propose un point de vue alternatif par rapport à ce qui ressemble parfois un peu trop à de la "pensée unique".

(J'ai désiré vous faire un topo assez complet pour que les propos soient clairs pour vous, mais si vous voulez passer vite, j'ai tenté encore une fois de hiérarchiser l'information qui me paraissait utile et vous devriez pouvoir vous en sortir en ne lisant que les caractères gras. Prenez juste conscience qu'à survoler, vous allez passer non seulement à côté de contenus, mais aussi à côté d'informations reliantes et de contenants. Est-ce que, du coup, ça prendra sens? Profondément?! Et qu'est-ce que vous allez en retenir? N'y aura-t-il pas d'erreur d'interprétation...?

Je vous invite par ailleurs à vous relier affectivement à ce que vous aller lire, au delà de cette présentation pragmatique, à sentir comment ça peut vous parler, à prendre le temps de goûter à travers la lecture aux valeurs qui sont soutenues. Car ceci n'est pas une brochure qui suffirait pour se soigner. L'aide, le soin, le soulagement ou la guérison demandent votre engagement.

Attention, encore une fois, tout ceci n'est que représentation, croyances, etc.

C'est un point de vue, un partage. Faites-vous votre propre exploration.)

Voilà ce que j'entends par là :

Qu'est ce que l'humanisme et l'existentialisme dont on parle en psychothérapie?

"L'humanisme" renvoie à tout un courant de pensée,

- issu d'un mouvement intellectuel et littéraire du XIVème au XVIème siècle [1], qui se caractérise notamment par la volonté de contribuer à l’épanouissement de l’homme dans toutes ses dimensions (aussi bien culturelle que politique),

Avec l'Humanisme, retour à Protagoras : "l'homme est la mesure de toute chose"

puis, pour "l'existentialisme",

- issu de philosophies tels que celles de : Kierkegaard (Crainte et tremblement, 1843 ; dont la pensée est celle du subjectif), Husserl (Idées directrices pour une phénoménologie et une philosophie phénoménologique pures, 1913, qui interroge sur le sens de la transcendance du monde, c'est-à-dire sur son mode d'être, et note que toute conscience est toujours "conscience de quelque chose" autrement nommée : "intentionnalité"), Buber (Je et Tu, 1923 ; qui souligne l'attitude duelle à l'égard du monde : la relation Je-Tu, dans laquelle les sujets ne vivent séparément, et la relation Je-cela, qui fait de l'autre un objet potentiellement utilisable), Heidegger (Être et Temps, 1927 ; qui ne sépare pas intériorité et extériorité, à travers le concept "d'être-au-monde"), Sartre (L'Être et le Néant, 1943, L'Existentialisme est un Humanisme, 1946 ; pour qui le fait de se définir dans l'existence précède la façon d'être - l'essence), Jaspers (Psychopathologie Générale, 1928 ; pour qui l'existence, dès lors qu'elle est observée, s'évanouit), Merleau-Ponty (Phénoménologie de la Perception ; qui nous fait saisir les liens organiques entre la perception et la chose perçue)...

[Excusez les raccourcis : c'est difficile de résumer de telles pensées...]

- et réactualisés par des psychothérapeutes divers qu'on a réuni sous ces appellations - psychothérapeutes humanistes et psychothérapeutes existentiels.

On associe souvent la philosophie humaniste et l'approche existentielle au "mouvement du potentiel humain".

Né au sein de la contre-culture des années 1960 aux États-Unis, le mouvement du potentiel humain est fondé sur l'idée que des ressources psychologiques et spirituelles, des états supérieurs de conscience ou des expériences transcendantes, transpersonnelles ne sont pas exploitées en l'être humain. À travers ce développement d'un tel potentiel, la vie individuelle serait plus enrichissante, créative et heureuse et des changements sociaux positifs pourraient être espérés

Les prémisses de cette vision de l'être humain et de la relation psychothérapeutique sont posées dès 1923 par Jacob Levy Moreno, proche du philosophe Martin Buber. Le grand dessein de Moreno est de donner libre cours à la créativité spontanée de l'homme (Le théâtre improvisé). Il inventa le psychodrame (1946) et le sociodrame.

La psychothérapie humaniste n'a délibérément jamais fait l'objet d'une définition précise. Au contraire, il s'agit d'une tendance, d'une orientation, d'un courant de pensée qui par principe demeure ouvert, pour pouvoir s'adapter à l'évolution des valeurs, et refuse de se figer en une doctrine trop précise qui ne manquerait pas de sombrer dans un dogmatisme rigide ou anachronique.

Ce qui constitue exactement un des aspects de la psychothérapie intégrative refusant elle aussi de se figer en un nouveau système et restant par définition ouverte.

Parmi ceux-ci - la liste des méthodes humanistes et/ou existentialistes varie parfois d'un auteur à l'autre -, on peut citer :

pour l'humanisme :

- Jacob Moreno (Psychodrame, Sociodrame),

- Abraham Maslow (dont vous avez entendu parler à propos de la "pyramide des besoins"),

et, pour l'existentialisme :

et on pourrait ajouter :

Certaines de ces dernières sont considérées par les autorités médicales comme des pseudo-sciences car sans réelle définition concrète ni preuve empirique de leur efficacité. Mais le caractère thérapeutique dépasse parfois les conditions scientifiques.

Attention cependant aux possibles dérives sectaires.

Une des notions fondamentales de la Psychologie Humaniste est celle de "développement personnel", qui aurait été élaborée par Jung ; Pour lui, la visée du travail thérapeutique est moins la suppression d'un symptôme ou la guérison d'une maladie que la remise en route d'un processus de développement qui aurait été entravé.

L'approche humaniste est en effet une psychologie fondée sur une vision positive de l'être humain. C'est aussi un modèle de psychothérapie qui cherche à relancer chez la personne (le patient) sa tendance innée à s'auto-actualiser, à mobiliser les forces de croissance psychologique et à développer son potentiel.

Il s'agit de remettre l'homme au centre de la psychologie, devenue de plus en plus scientifique, froide et déshumanisée, afin de créer une « la troisième force » (Third Force Psychology), se démarquant des deux impérialismes envahissants de la Psychanalyse et du comportementalisme (Behaviorisme) de John Broadus Watson et Burrhus Frederic Skinner.

Comme le note Stanislav Grof : « Les psychothérapies humanistes se fondent sur l'hypothèse que l'humanité est aujourd'hui trop intellectuelle, dépendante de la technologie et qu'elle s'est coupée des sentiments et des émotions… Elles visent la croissance individuelle ou l'auto-actualisation plutôt que l'ajustement… Les approches humanistes représentent un pas important vers une compréhension holistique de la nature humaine… Un aspect important de la psychothérapie humaniste est le déplacement de l'orientation "intrapshysique" ou "intra-organique" vers la reconnaissance des relations interpersonnelles, de l'interaction familiale, des réseaux sociaux et des influences socioculturelles et vers l'introduction de considérations économiques, écologiques et politiques. » (Psychologie transpersonnelle (Beyond the Brain), 1983, trad., Rocher, 1984, p. 110).

«En France et en Europe en 2005 - cela a sûrement changé 10 ans après en 2015 - , on considère, que 50% au moins des psychothérapies courantes sont de type humaniste. A titre comparatif, seulement 12% des psychothérapies sont des psychanalyses traditionnelles sur divan, et les TCC (thérapies cognitives et comportementales) sont 10% à 15%. » http://www.psychotherapie-integrative.com/psychotherapie-humaniste.htm

Pour l'approche humaniste (et existentielle), il y aurait quelque chose de l'ordre du "sujet" qui existe en soi, qui serait capable de traiter l'information, s'extrayant ainsi (relativement?) de ses déterminants ou, du moins traitant ses influences, et par conséquent de choisir, de rétro-agir, et de se choisir.

Cet individu posséderait en lui une énergie et une capacité de s'auto-actualiser qui, une fois libérée, lui permettrait de résoudre ses propres difficultés.

L'individu a des motivations et des enthousiasmes qu'il appartient au thérapeute de libérer et de favoriser, afin de faciliter le processus de changement spontané propre au patient.

À cette fin, d'après Carl Rogers, trois des conditions principales (nécessaires et peut-être suffisantes) de la part du thérapeute pour obtenir le changement seraient :

1/ la congruence, c'est-à-dire le fait d'être véritablement soi-même,

2/ un respect et une acceptation inconditionnels, manifestés par

3/ l'empathie.

Cela permet au patient, en miroir et en écho,

1/d'accepter d'être lui-aussi totalement lui-même,

2/l'auto-acceptation favorise la redynamisation et l'actualisation, par la tendance innée au développement,

3/d'éprouver ce sentiment d'empathie comme un mode de pensée, une attitude, un état à atteindre.

Cette réponse empathique acceptante et congruente faciliterait aussi la régulation des affects : a/ en stimulant la conscience des réactions émotionnelles, b/ en aidant les patients à mettre en mots et à symboliser leurs expériences intérieures, et c/ en cultivant la capacité réflexive des patients. Ainsi, d/ elle augmente la satisfaction thérapeutique et donc l'adhésion aux interventions, e/ procure une expérience correctrice au niveau émotionnel, et f/ permet aux patients de se sentir valable, respecté, compris et confirmés. Enfin, g/ elle permettrait l'exploration des sentiments, leur traitement émotionnel et la mobilisation des efforts des clients au changement.

Autrement dit, la présence chaleureuse du thérapeute (enfin... attention.. C'est quand même pas un doudou...!) et sa flexibilité interprétative devant la nudité ou l’indicibilité de nos souffrances semblent aujourd’hui les éléments essentiels d’une rencontre significative et efficiente

Ainsi, si ce courant - la psychothérapie humaniste - n'est pas homogène, on peut citer certaines caractéristiques communes.

Tout d'abord, une conception de l'être humain qui s'exprime par les notions de respect de la personne, de responsabilité, de liberté, d'authenticité, d'expérience, de rencontre ou relation existentielle ou alliance thérapeutique (c'est-à-dire, une relation de personne à personne et non de thérapeute à patient ou de sujet-supposé-sachant à sujet-supposé-subir).

Pour résumer ce qui est écrit plus haut, nous retrouvons souvent les caractéristiques suivantes :

- Vision positive de l'être humain, et confiance dans la capacité de croissance de l'être humain (Nous sommes plein de capacités, de processus performants d'adaptation et de potentiels...) ;

- Objectifs de développement, de croissance, d'épanouissement personnel ;

- Absence de diagnostic (Nous sommes tous à la même enseigne face aux souffrances existentielles ; Il ne sert à rien de poser des étiquettes qui enferment.) ;

- Suppression ou atténuation de la dichotomie entre maladie et santé (Qui donc pourrait assurer une santé psychique parfaite et définitive? Et surtout, méfions-nous des apparences.) ;

- Principe de la non directivité (Ouverture à l'unicité, à la spécificité et au rythme du patient) ;

L'empathie avec le patient

- Tendance actualisante et accent mis sur l'expérience présente (Ici et Maintenant) (Ce qui compte, c'est ce qu'on fait ici et maintenant (du passé, du futur, des souffrances, du présent...).) ; - Importance de l'expression émotionnelle et de la communication non verbale (Ce qui est vécu est plus important et plus profond que ce qu'on pense ou qu'on croit penser.).

Vous allez rapidement comprendre pourquoi ont associe souvent la psychothérapie existentialiste à la psychothérapie humaniste...

"L'objectivité temporelle du vide à venir ou du vide en tant qu'avenir"

Après avoir rencontré la psychanalyse dès 1897, Ludwig Binswanger, au fur et à mesure de ses lectures phénoménologiques d'Edmund Husserl et de Martin Heidegger, s'éloigne d'elle et inaugure dans les années 1930 une nouvelle méthode thérapeutique, initiant le courant de Psychologie Existentielle avec ce qu'il nomme en 1950 la Daseinanalyse (traduit par "Analyse Existentielle" au lieu de, littéralement, "Analyse de "l'Être-Là"" ou, comme il le proposait lui-même : "Analyse de la Présence Humaine"). Comme le souligne Serban Ionescu, c'est cependant plus une conception phénoménologique de la psychopathologie qu'existentialiste, à laquelle il ouvre la voie.

Ce qui importe donc, c'est non pas la chose en soi (le noumène) mais le rapport aux choses (le phénomène).

"La phénoménologie, c'est la description des corps qui précède l'explication par des causes ou par des lois" (Paul Ricoeur). "C'est donc une description qui n'est pas pressée de céder la place à une explication, qui fait apparaître des aspects qui, peut-être, rendent impossible finalement le passage au stade de l'explication." "Ceci permet une description pure de la vie de conscience."

Avec la Daseinanalyse, Binswanger est donc amené à envisager les troubles psychiques comme une certaine manière d'être au monde, c'est-à-dire comme un certain mode de relation aux autres, aux objets de l'environnement et à soi-même.

Pour lui, la Psychanalyse met l'accent sur ce qui détermine l'homme, mais ce qui importe avant tout, c'est ce que l'homme fait de ses déterminismes, c'est la façon dont il affronte son destin pour l'infléchir.

Il en découle :

1er thème : Redonner le pouvoir à l'individu ; Pour les existentialistes, l'être humain peut, d'une certaine manière, influer sur sa relation à son destin ; l'existence de l'homme consiste, en dernière analyse, en sa liberté.

"L'Homme ne devient vraiment humain qu'au moment de la décision." (Tillich)

2ème thème notable : L'unité et l'intégration de la personne : En rupture avec la Psychanalyse, qui fragmente l'individu en plusieurs instances (Conscient/Préconscient/Inconscient, Ca/Moi/Surmoi), la Psychologie Existentielle recherche ce qui fait l'unité de l'être, au-delà de ses expressions différentes.

D'où l'utilisation d'une approche holistique, qui correspond au fait que le chercheur tente de comprendre les phénomènes et les situations de façon globale, sans limitation quant au nombre d'aspects à évaluer.

Prenons un exemple, développé par Rollo May dans sa thèse de doctorat (1949) où il étudie l'anxiété de filles célibataires enceintes vivant dans un foyer de New York : Il fait l'hypothèse que la prédisposition à l'anxiété est proportionnelle à la mesure dans laquelle ces sujets avaient été rejetés par la mère. Mais l'analyse montre quelque chose de plus intéressant : Pour les cas les plus sévères, issus de familles de haut niveau socio-économiques, tout en rejetant leur fille enceintes et non mariées, ces mères prétendaient les aimer (ce qui n'est finalement pas totalement contradictoire).

Le choc à l'origine de l'anxiété n'est pas le rejet de la mère (en tant que déterminant), mais c'est plutôt le rejet dissimulé (en tant que perte de sens) (et je nuancerais : la perception de la dissimulation du rejet ; et je rajouterais : en tant que perte de confiance dans l'humanité et dans le monde)...!

Pour May, l'anxiété a, par conséquent, une autre cause que le simple rejet : celle de ne pouvoir connaître le monde où on est, de ne pouvoir s'orienter dans sa propre existence.

L'Angoisse, de Edvard Munsch (1894) - sous le regard des autres...

"L'Existentialisme est d'abord un courant philosophique qui muta en approche thérapeutique après la Seconde Guerre mondiale. Les horreurs des deux grandes guerres du siècle dernier seraient à l'origine d'un sentiment d'aliénation et de non-sens. Le développement industriel et l'urbanisation de la société occidentale, ainsi que les progrès scientifiques, exacerbent cette déshumanisation. De ces tragédies est né le besoin de restaurer un sens à la vie. L'existentialisme est une tentative de répondre à ce questionnement." Maximilien Bachelart, Approche intégrative en psychothérapie (2017).

Questionnement alimenté, selon Irvin Yalom, par les grandes souffrances psychiques de l'être humain (et des angoisses consécutives) face à la dureté du monde, à l’inquiétude de l’existence, les "préoccupations ultimes" :

- la mort,

- la solitude/l’isolement,

- la liberté/responsabilité,

- le sens (individuel) de la vie (en lien avec "l'absurde" dont parle Camus)…

"Dans l'histoire de l'humanité, l'homme s'est toujours battu pour sa liberté. Pourtant la liberté fait peur. Elle nous rend responsables de notre projet de vie, de nos choix et de nos actes."

Le courant existentialiste propose de concevoir l'humain comme processus en marche, c'est-à-dire jamais acquis, jamais définitivement fixé, toujours acteur d'une évolution, d'une dynamique.

Le point de vue existentiel s'attache à traiter de l'homme vivant, de son expérience, de son éprouvé. L'objectif de la psychothérapie existentielle est d'aider l'humain en souffrance à inventer son chemin.

L'être humain est toujours un être-dans-le-monde, c'est-à-dire intégré (et intégrable) dans son environnement et en situation. Le patient lui-même doit découvrir son être propre, se connaître soi-même, c'est-à-dire non pas connaître définitivement ses caractéristiques, mais développer sa capacité d'être à l'écoute de lui-même, mouvant et évoluant aux croisées des chemins, des flux, des processus qu'il incarne.

Pour Ephren Ramirez (psychiatre qui a utilisé l'approche existentialiste pour traiter des toxicomanes à Porto Rico puis à New York), le rôle du thérapeute est de fournir des alternatives dans lesquelles le patient peut faire librement ses choix.

Différents points de vue sur un même réel ; autant d'angles d'approche et de moyens d'action possibles...

Pour Viktor Franfl (professeur autrichien de neurologie et de psychiatrie, déportés dans le camp de concentration à Auschwitz dont il parle dans son livre comme constitutif de sa pensée, créateur de logothérapie), qui s’aperçoit que ses patients ne souffrent pas uniquement de frustrations sexuelles (Freud) ou de complexes d’infériorité (Adler) mais aussi d’un « vide existentiel » - la névrose révélerait avant tout un être frustré de sens -, la psychothérapie est destinée à aider les hommes à trouver un sens à sa vie.

L’exigence fondamentale de l’homme n’est ni l’épanouissement sexuel, ni la valorisation de soi, mais la plénitude de sens. Le repli sur le sexe n’est souvent qu’un ersatz à un manque de sens.

Par voie de conséquence, le thérapeute ne peut se désintéresser du spirituel.

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"Faites votre choix en connaissance de cause

et que celui-ci ne soit pas dirigé par vos peurs

mais par votre foi en le devenir..."

CB.

Voilà, à travers la formulation de points de vue alternatifs, d'hypothèses, d'exercices et d'explorations au sens large, et à travers l'idée de processus, c'est le ton que j'adopte en séance de psychothérapie individuelle.

Une partie de mon cabinet (en juillet) - Comment pourrait-il être plus ouvert...?

Une partie de mon cabinet (en juillet)...

Comment pourrait-il être plus ouvert...?

Ainsi aussi, par exemple, cherchant à constamment dépasser les étiquettes pour revenir au réel direct, à revenir à l'authenticité de la rencontre et au temps présent en ne pas se réfugiant derrière des mots et les histoires, à interroger les cadres rigides et les auto-limitations, à briser les chaînes inutiles et sclérosantes, c'est la raison pour laquelle je propose à mes patients de marcher ensemble, dans la Nature, au lieu de s'enfermer entre 6 cloisons, et de s'investir dans l'estimation du tarif et de la valeur du service en payant en conscience.

L'approche humaniste est un point clé des psychothérapies que je propose en entretien individuel, c'est aussi une valeur portée par le Shikando d'une façon plus générale en tant qu'Exploration Intégrative d’Épanouissement, ouvert aux différentes dimensions de l'Être Humain, aux différentes disciplines qu'a créer l'Homme, aux particularités et aux retours de chacun - une sorte de grand retour à l'Unité.

"Les hommes ont besoin, et cela leur est donné,

de se confirmer l'un l'autre dans leur être individuel

grâce à de vraies rencontres."

Martin Buber, Distance and relation, Psychiatry n°20 (1957)

Article associé, sur l'inscription dans le temps : "Espoirs, peurs et méditation"

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[1] L’humanisme est un moment essentiel de la culture européenne, la "Renaissance", se positionnant en réaction au Moyen Age, qu’il présentait comme une époque d’obscurité et de sclérose intellectuelle.

Il est une attitude d’esprit qui fait de l’être humain la valeur suprême, dans la vie personnelle aussi bien que collective. Il met l’homme au-dessus de toute chose ; celui-ci est à lui-même sa propre norme et il donne lui-même sens à son existence, tout en tentant de se construire un avenir collectif.

Dans le Shikando, on positionne et on recentre l'Être Humain au milieu de sa propre vie - mais nous restons dans une vision écologique et holistique qui met en avant l'interaction, les phénomènes et les systèmes, et dépasse largement le simple ego.

[2] La psychologie transpersonnelle est une école de psychologie née au tout début des années 70 de la rencontre entre plusieurs thérapeutes, dont Abraham Maslow (cofondateur de la psychologie humaniste) et Stanislav Grof, considérée comme la quatrième vague en psychologie.

Elle intègre aux découvertes des 3 écoles psychologiques classiques (TCC, Psychanalyse, Thérapies Humanistes-Existentielles), les données philosophiques et pratiques des grandes traditions spirituelles (religions et chamanisme), ainsi qu’une étude approfondie des états modifiés de conscience.

Grof définit la psychologie transpersonnelle comme « une discipline visant à faire une synthèse de la spiritualité authentique et de la science ». L'approche transpersonnelle dénonce l'impasse de l'actuel paradigme scientifique (matérialiste) et prône l'émergence d'un nouveau paradigme. Vous pouvez trouver plus d’informations sur Wiki...

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Certains passages de ce texte ont été grandement influencés par le livre de Maximilien Bachelart, "Approche Intégrative en Psychothérapie : Anti-manuel à l'usage des thérapeutes" (2017). Merci à lui pour son précieux travail.

Petite bibliographie sélective non exhaustive (en gras, les livres qui m'ont, il me semble, le plus marqué) :

- Roberto ASSAGIOLI, Psychosynthèse, Principes et techniques, 1965, 1976, Paris.

- Maximilien BACHELART, Approche Intégrative en Psychothérapie : Anti-manuel à l'usage des thérapeutes, ESF Sciences humaines, 2017, Bielsko-Biala.

- Richard BANDLER, John GRINDER, Les secrets de la communication, Les techniques de la PNL, Les éditions de L'Homme, 1981, 2005, Québec.

- Eric Berne, Analyse transactionnelle et psychothérapie, Petite Bibliothèque Payot, 1971, 1981, Saint Amand.

- Ludwig BINSWANGER, Introduction à l'analyse existentielle, Éditions de Minuit, 1971.

- Olivier CHAMBON, Michel MARIE-CARDINE, Les bases de la psychothérapie, Dunod, 1999, 2014, Paris.

- Alain DELOURME et coll., Pour une psychothérapie plurielle, Editions RETZ, 2001, Paris.

- Alain DELOURME, Edmond MARC, Pratiquer la psychothérapie, Dunod, 2004, Paris.

- Jean-François DORTIER, Les sciences humaines, Panorama des connaissances, Sciences Humaines Editions, diffusion PUF, avril 1998.

- Robin FORTIN, Comprendre la complexité, introduction à la méthode d’Edgar Morin, L’Harmattan, collection « Logiques Sociales », 2000, Paris.

- Viktor FRANKL, Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie, Les éditions de L'Homme, 1959, 2006, Québec.

- Stanislas GROF, Psychologie transpersonnelle, Editions du Rocher, J'ai Lu, 1984, 1996.

- Serban IONESCU, 14 approches de la psychopathologie, Nathan université, Paris, 1991, 2002, Malesherbes.

- Jean-François LYOTARD, La phénoménologie, PUF, Que sais-je ? N°625, 1999, Vendôme.

- Olivier LOCKERT, Patricia d'ANGElI, L'hypnose Humaniste, Pour les Nuls, Editions First, 2014, Varese.

- Edmond MARC, Guide pratique des psychothérapies, Editions RETZ, novembre 2000, Paris.

- Edmond MARC, Le changement en psychothérapie, Dunod, 2002, Paris.

- Abraham MASLOW, Devenir le meilleur de soi-même, Distribution Nouveaux Horizons, 1954, 2013, Paris.

- Abraham MASLOW, Vers une psychologie de l'être, Librairie Arthème Fayard, 1968, 2001, Poitiers.

- Gonzague MASQUELIER, Vouloir sa vie, La Gestalt-thérapie aujourd'hui, Retz, 1999, Tournai.

- Monique PELLERIN, Micheline BRES, La psychosynthèse, PUF, Que sais-je ? N°2857, 1994, Vendôme.

- Carl R. ROGERS, Le développement de la personne, Dunod, 1961, 1968, Paris.

- Jean-Paul SARTRE, L’existentialisme est un humanisme, Folio essais, 1946-96.

- Nathalie SINELNIKOFF, Les psychothérapies, dictionnaire critique, ESF éditeur, 2°édition revue et augmentée, 1993-98, Paris.

- Ian STEWART, Vann JOINES, Manuel d'analyse transactionnelle, InterEditions, 1991, 2005, Liège.

- Irvin YALOM, Thérapie existentielle, Galade Editions, 1980, 2008, Lonrai.

- Irvin YALOM, L'art de la thérapie, Librairie Générale Française, Le Livre de Poche, 2002, 2018, Paris.

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