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Une méditation dans le mouvement

Je fais le point [1]… :

Quand on ne voit pas l'Unité profonde, notre relation au réel se résume à une série d’événements détachés les uns des autres et surtout détachés de nous ; Tout n’est qu’une suite de rencontres avec des objets divers [2]. Et nous formons plus ou moins anxieusement une collection de souvenirs et d’espoirs, nous ballottant entre passé et futur.

Tout cela est généralement entaché d’émotions. Des émotions dont on est nous-même l’objet – quand on n’est pas tout simplement en train de les créer et de les gonfler nous-même, et qui nous possèdent autant qu’on tient fébrilement à elles. Des objets encore.

On ne peut se fier à un monde d’objets. Alors on vit dans la peur. On ne peut accepter un monde d’objets qui nous avertissent de leur caractère éphémère, alors on vit dans la tristesse.

On ne peut admettre un monde d’objets extérieurs qui menacent donc de nous envahir, alors on vit dans la colère.

Nous pourrions faire des émotions des outils nous prolongeant, les canaliser, et surtout les vivre, les accueillir, en profiter comme une riche expérience, ludique, les accepter comme un engagement dans une action, ni plus ni moins. Se ronger les sangs, c’est tout-à-fait « y’a pas de quoi ». Plutôt que d’être l’objet de nos émotions ou de se croire tout-puissant sur elles, on pourrait s’unir à elles, et finalement lâcher prise afin d’aller vers des résolutions fluides, vers un changement profond.

Mais souvent on s’en tient à une histoire, on se fait un film, celui de notre vie – comme si il fallait du drame, du mélodrame, ou une quelconque couleur des genres théâtraux ou cinématographiques, pour se montrer digne des spectateurs, pour mériter sa vie. Nous ne voyons pas que nous sommes acteurs ET metteurs en scène. (Ni que les spectateurs n’en ont pas grand-chose à foutre, ni même que ce n’est pas eux qui vivent notre vie…). Parfois, notre histoire nous est « c’est pas cool », dans ses « pourquoi encore… ? », parfois, on voit « c’est couru d’avance » droit dans l’mur (!), ou on se sent vaguement « où va-t’on ? » ; Et malgré tout, on reste totalement « on fait donc comme on a dit ».

On s’en tient au scénario, à nos habitudes, à ce qu’on croit qui nous définit.

Mais la vie se moque bien de l’excentricité et de la vanité de tous les Mondes imaginaires que l’on crée, de nos croyances, du brouillard de spéculations, de nos constructions mentales et de nos rêves inconscients. Elle se joue de nous, …jusqu’à ce que nous comprenions nous-même que ce jeu est le plus passionnant, le plus émancipant qui soit.

Nos douleurs ne viennent pas que du choc avec le réel quand celui-ci se rappelle à nous - comme la dureté du sol a certainement décidé du sort d’Icare lors de sa décélération verticale soudaine. Cette fois, j’crois nous sommes complètement « ça y est ».

Nos souffrances viennent aussi de chocs entre la bulle de notre Monde cérébral et ce qu’est effectivement notre vie. Nous ne sommes pas que notre récit. Un concept salvateur qui peut m’aider : Détruire l’idée diabolique d’une frontière distincte qui fait de moi un individu et saisir qu’en tant que continuum, je suis aussi, d’une certaine façon, tout l’univers. Et l’éternité. Je n’ai donc rien à craindre. Pour effleurer cette idée, rien de plus simple : tend l’oreille, hume, scrute, admire, ressens…

Plus on s’éloigne de nos sens perceptifs, plus on ignore l’autre, plus on vit aveuglément sous le coup d’une émotion, plus on exacerbe nos désirs, plus on gonfle notre volonté d’orgueil, ou plus on s’assujettit à la culpabilisation, plus grande risque d’être la claque dans la gueule. Car notre Monde de rêves est parfois boursouflé comme une bulle de savon prête à éclater.

C’est pourquoi toutes les Explorations, avec un esprit ouvert et un cœur aimant - les exercices de prises de conscience du corps, les méditations, les collaborations et les confrontations artistiques et martiales, etc., bien menées, peuvent nous aider à trouver l’ataraxie (l’absence de troubles de l’âme et de l’esprit) et l’épanouissement

C’est une des raisons pour lesquelles je les ai unifiées dans le Shikando.

Rivière, à Lou Paradou, centre Amma, à Tourves (83) - mi-mai, eau très fraîche :)

J’aime bien finir par des idées et conseils récapitulatifs, alors :

Profite

Explore Ressens Fais toi plaisir

Et vis pleinement : Crée !

Tout Est Un

La Force est avec toi… lol

______

[2] Ici, quand je parle d'objet, je ne fais pas référence simplement aux choses matérielles fabriquées par l’homme, mais à ce qui est "jeté hors" du "Sujet" (ou "jeté dans le Sujet") : à tout ce que je considère hors de moi : les histoires qui m'arrivent, les événements, les autres, mes croyances [3], mes émotions, ma santé, la Nature, la Divinité, etc.

"L'objet", ce serait ce qui est pensé, par opposition à ce qui serait un être pensant, nommé "sujet".

Parlant du rapport, sujet/objet, c'est le "Je" qui est mis en question. Le concept de continuité suffit à rejeter la réalité absolue du "Sujet" - un sujet qui existerait sans son environnement.

(Le concept même de "Sujet" est un objet, une abstraction, c'est-à-dire étymologiquement, quelque chose qui est extrait.)

La question quasiment métaphysique et pourtant pragmatique pourrait être : à quel moment une influence, une cause ou une conséquence peut être considérée comme mienne?

Matériellement déjà : à quel point de l'espace la molécule d'oxygène fait partie de moi? à quel point de ma bouche, de mes poumons, de mes alvéoles pulmonaires, de mon flux sanguins, ou de mes échanges cellulaires? Et pour la molécule de carbone...?

Ou à quel moment un message qui me viendrait sous forme lumineuse devient-il une information ? Au moment de son émission (ou de son intention), avant ma cornée, à un endroit de l’œil, à un endroit de mon cerveau, quand elle prend sens? Il en est de même pour les pensées. (A quel point mon éducation et mes éducateurs y sont-ils présents, y sont-ils miens?)

Et il en est encore de même pour les limites de ce que certains appellent "notre âme", plongée dans l"'âme du Cosmos"...

Ces questions parlent de nos rapports les plus profonds et les plus directs avec notre environnement, avec les autres. Aussi, elles ont éminemment leur place dans une thérapie ou dans une recherche de "mieux-être".

Notre pensée aurait une tendance naturelle à être très centrée sur la dialectique, l'opposition (et la complémentarité), sur le "2" ; et la plupart des spiritualités et des conceptions du Bien-Être nous enjoignent à un retour de notre pensée vers l'Unité, l’Être, le "1". C'est effectivement de cela qu'il s'agit ici.

[3] (Selon Krishnamurti, l'attachement à la nationalité, à une culture ou à une religion provoque la séparation qui est à son tour à l'origine des conflits.)

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