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La Jungle des Thérapies - Les thérapies corporelles et intégratives - Le Shikando

(Conférence effectuée lors de la journée "La Jungle des Thérapies", à l'Université de Lorraine - organisé par la Fédération Française des Psychologues et de Psychologie, le vendredi 27 septembre 2019.)

Bonjour,

La Fédération Française des Psychologues et de Psychologie m’a invité à présenter ma pratique, le Shikando à l'Université de Lorraine.

On m’informe d’un public avant tout de psychologues et d’étudiants en fin de cycle.

La plaquette présente que nous allons tenter de répondre aux questions suivantes :

Que fait exactement le psychologue ? Comment procède-t-il pour mener une thérapie? Au-delà de la théorie, sur quels outils s’appuie-t-il ? Comment ça se passe dans la réalité de la rencontre avec le patient ?

Nous, psychologues, comment choisir nos référentiels théoriques et nos outils ? Quelles options prendre au moment de nous perfectionner ? Comment assurer notre formation continue ?

Selon le référentiel théorique, telle ou telle approche semblera plus adaptée, mais comment choisir ?

Que devient la psychothérapie traditionnelle, principalement basée sur la parole? À l’ère des résultats rapides et mesurables, les patients semblent parfois percevoir les psychothérapies comme des baguettes magiques. Quelle base, quelle garantie, quelle expérience ? Comment s’y retrouver ? Satisfait ou remboursé ?

Il s’agit donc de faire un retour sur ma propre pratique, après quelques années d’application auprès de dizaines de patients.

Après avoir essuyé les bancs des universités de Nancy II, Paris V et Paris VIII pendant des années, et réalisé par la suite un gros travail de recherche, d’étude, d’approfondissement, d’élargissement, dans la continuité, il s’agit donc d’une belle occasion de faire un retour sur mes explorations.

Au fil des années, j’ai en effet réalisé un gros travail :

- d’analyses des pratiques – analyses techniques, sociologiques, anthropologiques, méthodologiques, pédagogiques, épistémologiques ;

- d’explorations corporelles personnelles ;

- de méditations ;

- de tentatives d’intégration et d’inclusion ;

- de transposition des méthodes dans des domaines variés (Arts Martiaux, Danse, Education Somatique…) ;

- Etc.

Par ailleurs, ma pratique étant à bien des égards atypique, elle est l’occasion d’expériences et d’expérimentations originales dont il serait intéressant de mesurer les effets.

C’est donc avec plaisir que je vais tenter de vous rendre compte de mes explorations, découvertes et intuitions.

Le thème sous lequel était inscrite mon intervention au départ :

- Les pratiques (psycho-)corporelles ;

- Les thérapies intégratives.

Me voilà donc à construire mon intervention autour de ces thèmes, ces dimensions thérapeutiques qui sont centrales dans ma pratique quotidienne et que je m’engage à (re-)présenter. Et, bien sûr, en filigrane, ma propre pratique, ce qui pourrait permettre de présenter aussi la création d’une "discipline" (et de son propre métier...), et la discipline elle-même (et son épistémologie) !

Introduction

"La tradition ne consiste pas à conserver les cendres

mais à entretenir une flamme."

Jaurès

Je suis psychologue, psychothérapeute et thérapeute dans un sens plus large, établi en libéral depuis 2014,

Où je professe selon plusieurs modalités (uniques en leur genre), dont :

- psychothérapie déambulatoire ;

- thérapie psychocorporelle que j’ai créée,

plus ou moins indépendantes.

Dans le cadre de cette journée d’étude, je tenais à vous transmettre de mon expérience, ce que j’imagine n’est pas spécifiquement mis en avant dans les cadres institutionnels sans le renier pour autant.

Et surtout compléter, face aux vœux de maîtrise des disciplines instituées que vous avez déjà pu rencontrer, par une notion qui me parait essentielle : le holisme.

Du coup, je vais tenter de vous présenter un point de vue non pas contradictoire mais complémentaire.

Cet esprit de complémentarité se retrouvera dans l’opération d’intégration.

Puisqu’il y a une large audience d’étudiants en fin de cycle présents à cette journée d’étude :

A l’intention des futurs psychothérapeutes ;

Si j’ai un premier conseil à vous donner :

Ce dont un psychologue doit prendre en compte, c’est ce syndrome de l’imposteur,

bien compréhensible pour tous ceux habités par le doute salvateur.

Cependant il a souvent tendance à nous amener à aller chercher unilatéralement du savoir institutionnel au lieu de nous encourager à l’exploration personnelle et un peu d’autonomie de pensée.

Entre biais de confirmation, besoin de sécurisation, celui de validation sociale, comparaison sociale, quête d’approbation permettant de valider son estime de soi, tout nous encourage à suivre les chemins déjà empruntés.

Le nécessaire découpage en disciplines nous restreint à ce que recouvrent les étiquettes.

Or les solutions sont parfois ailleurs ou cachées.

Ainsi, le psychologue pourra être amené à sortir du cadre strict de ses compétences universitaires :

Et je me suis rapidement confronté à des situations où les patients me faisaient part de leurs questionnements, essentiels dans leur psychologie et leurs problèmes, des questionnements et interrogations pour lesquels ni l’université ni mes lectures en psychologie ne m’avaient préparé.

Je fus ainsi rapidement amené à parler philosophie, spiritualité, corps ("être en bonne condition")…

Car si le psychologue est particulièrement doué pour renvoyer les questionnements, afin d’apprendre l’acceptation et l’adaptation conséquente, l’excès de cette pratique peut risquer de mettre en défaut la patience du patient, sa confiance.

Le patient est en droit d'attendre des réponses à certaines questions, ne serait-ce que des informations. Mes patients ont toujours été demandeurs et friands d'informations sur l'état actuel des connaissances sur le fonctionnement de la psyché, de l'être humain, de la société, etc.

Par ailleurs, la prise en compte des problèmes réels répond à des avantages didactiques, tels que :

- la résolution des problèmes concrets permet de créer un terrain favorable à un épanouissement plus profond ;

- la résolution des problèmes est l’occasion :

- d’investigations vers les problèmes plus profonds (que le patient cache parfois en première présentation, ou qui lui sont inconnus),

- d’exercices permettant à apprendre à gérer ses problèmes, ses pensées, ses émotions, etc., permettant de développer des attitudes de base.

Sortir du cadre strict de ses compétences universitaires est donc salvateur afin d’être en cohérence et complet avec toutes les dimensions de l’être humain.

Au cours de ma présentation, je vais vous présenter :

- La conception holistique, et l’outil intégratif (qui y correspond) ;

- Un mode d’interaction particulier, souvent exclu du savoir universitaire ;

- Ce que j'entends par "les différentes dimensions de l’être humain" ; ce sera l’occasion de présenter les pratiques (psycho-) corporelles ;

- S’il reste du temps, Le Shikando.

Comment décrire une activité innovante, complexe et modulable?...

Et en 30’ …?

Tellement de choses essentielles à dire. Et un état d’esprit à côté duquel on passerait en le survolant trop rapidement. Dès lors, j’avais déjà prévu la possibilité de ne pas aller au bout de ma présentation PowerPoint. Entre exhaustivité et longueur, il y avait un deuil à faire. C’est un parti pris que j’assume.

Le document ci-présent, s’il se permet d’approfondir ponctuellement par quelques mots (généralement en caractères plus petits) le contenu de la conférence, n’ira pas beaucoup plus loin que l’exposé qui a eu lieu ce vendredi 27 septembre 2019.

Holistique et intégration

Le holisme, vient du mot holos qui signifie « entier ».

Il s'agit donc d'une conception (du monde, du savoir, de l'être humain, etc.) qui invite à tenter de voir la réalité dans son entièreté.

Plan du chapitre :

Plan du chapitre "Holisme et intégration"

- D’abord un constat :

La multifactorialité, avec des niveaux de complexité et des échelles des niveaux d’organisation différents, et avec des dimensions d'analyses différentes, sortes de système, se réalise à travers ce que nous voyons comme des lois. Et ces lois correspondent chacune à des outils de pensée : les disciplines scientifiques.

Du point de vue de notre entendement, à chaque fois qu’on zoome jusqu’au microscope ou qu’on défocalise et qu’on ouvre le champ de vision (en prenant de la hauteur, par exemple), on peut voir à chaque échelle des niveaux d’organisation différents, qui correspondent à des réalités différentes. Des corpuscules, des molécules, des cellules, des organes, des individus, des groupes forment autant d’entités auxquelles correspondent des degrés de liberté.

Chaque individu est intriqué dans des déterminants et des influences des autres niveaux de complexité, inférieurs et supérieurs. Pourtant, les décisions qu’il prend au final, c’est bien lui qui les prend, et cela indiffère, du point de vue du sens, les autres niveaux. Une décision humaine même si elle a des conséquences sur d’autres niveaux, est indécidable pour eux. Et tous ces niveaux sont simultanés et c’est même une abstraction que de parler de niveau car on passe de façon continue de l’un à l’autre, même s’il semble y avoir des sauts qualitatifs organisationnels. Ils forment l’unité du réel.

« Chaque théorie montre une façon différente d’organiser l’expérience humaine. Chacune trouve donc des déterminants différents aux problèmes posés. » CB.

- Multiplicité de causes et de déterminants ;

- Terrain (influences et potentiels) favorable à l’établissement du problème ;

- Synergie (interdépendance et renforcement (Cf. les "réactions circulaires" des TCC. où le patient est appelé à identifier les réaction circulaire entre situation, vécu émotionnel, pensée (cognition) et comportement.)).

Mon expérience dans le domaine de la thérapie m’a montré et confirmé que la focalisation sur une seule dimension, fût-elle la plus visible, la plus éloquente, la plus évidente, la plus centrale, ne suffit que rarement à résoudre un problème ou une problématique, car généralement, par synergie, elle a des effets et s’étaye dans d’autres dimensions.

Ainsi il me semble qu’une dimension peut entraver le déploiement d’une autre.

- D’un côté, les autres domaines peuvent créer un terrain favorable à l’établissement du problème.

- De l’autre, en se mettant en place et en se chronicisant, certains processus s’installent, s’indurent et se cristallisent dans différentes dimensions, comme dans une recherche désespérée de sens et de cohérence.

Au niveau thérapeutique, une transformation de l’accordage inter-dimensionnel est nécessaire.

La dissolution du problème (et de la problématique) nécessite alors un traitement multiple (simultané) - nous allons le voir.

Nos outils segmentent le réel. C’est une position philosophique du Perspectivisme. La théorie de la complexité (Cf. Edgar Morin) nous vient à la rescousse afin de retisser nos connaissances.

Elle fait appel à une épistémologie riche, inspirée par la systémique, les thérapies humanistes, le constructivisme et le scepticisme, etc. Voir la bibliographie.

L'intégration, c’est à la fois une théorie et l’application de la théorie de la complexité, de façon à acquérir un point de vue le plus holiste possible.

C’est à la fois la synthèse, l’articulation et la recherche d’un dénominateur commun.

L’intégration théorique ajoute à l’éclectisme technique l’élaboration conceptuelle qui lui apporte sa colonne vertébrale et sa cohérence.

Le dénominateur commun se trouve à l'intersection des ensembles de compétences, des concepts, etc., de chacune des disciplines, dimensions ou processus étudiés.

Diagrammes de Venn

Notes sur une découverte que j'ai faite grâce au Shikando :

1/ Le dénominateur commun est simultanément l'essentiel de chacune des disciplines !

Différence entre pont et communauté

2/ Plus on augmente le nombre de domaines étudiés, plus on fait intervenir de disciplines, etc., plus l'intersection commune se restreint, plus le dénominateur commun se précise.

Ces points sont fondamentaux pour comprendre l'intérêt du fonctionnement du Shikando.

Exemple d'utilisation :

Ikigai

Intégrer nécessite deux principes simultanés : être ouvert et critique.

Elle peut se réaliser à des degrés très divers : techniques, pratiques, théoriques, épistémologiques, etc.

C’est ainsi tenter d’intégrer un maximum de disciplines comme autant de points de vue spécialisés en cherchant la conciliation entre ces systèmes.

C’est, par exemple, tenter d’intégrer le point de vue microscopique au le point de vue macroscopique ; c’est-à-dire, par extrapolation, nos outils de pensée à l’unité du réel.

C'est enfin, et nous le verrons plus loin, tenter d'intégrer chez le patient toutes ses dimensions d'être humain...

- D’où l’intérêt d'actions thérapeutiques plurielles, intégratives et humanistes :

a/ Multiplier les angles d’attaque simultanément :

- Trouver le "moyen habile" : Upāya :

- recherche d’efficacité par rapport au problème ;

- le canal d’entrée, la voie d’accès aux particularismes de fonctionnement cognitif (et perceptif) de chacun et le canal de communication adéquate ;

- background culturel ;

- Eviter les phénomènes d’inertie, qui correspondent à des dimensions négligées qui ramènent la pathologie après une période de mieux ;

(- La variété semble être une nécessité pédagogique

« En neurophysiologie, une seule stimulation répétée, sans différence, finit par ne plus stimuler du tout. Une information répétée non plus. Il faut une différence d’information pour faire naître la prise de conscience, la pensée abstraite, la représentation. » Boris Cyrulnik, Sous le signe du lien, 1989, Hachette Littérature, p.122-123.

« Nos cerveaux atteignent leur efficacité maximale [dans le domaine de la créativité et de la coordination] lorsqu’on leur permet de passer de phases d’intense concentration à des phases pendant lesquelles nous n’exerçons absolument aucun contrôle conscient. » Liam Hudson (professeur de psychologie, université de York, Downswiew, Ontario, Canada) in Le cerveau, un inconnu, dictionnaire encyclopédique, 1987-93, p278.)

- La thérapie peut profiter elle-aussi d’une synergie des interventions ;

- Une confrontation plus complète du patient à la réalité ; Un étayage relativement complet, se référant à différentes situations vitales, émotionnelles et sociales, nécessaire à l’apprentissage et au changement en profondeur, et permettant d’apprendre à être un avec toutes ces situations et toutes ses sensations ;

- Le principe de Pareto :

Le principe de Pareto, aussi appelé principe des 80-20 ou encore loi des 80-20, est le nom donné à un phénomène empirique constaté dans certains domaines :

Environ 80 % des effets sont le produit de 20 % des causes.

80 % d'accomplissement d'une mise au point nécessite 20 % de l'effort.

Dès lors, si ce principe est correct en thérapie aussi, on optimise nos interventions et on gagne en efficience en les multipliant sous des angles différents.

b/ Découdre les facteurs, et trouver au-delà des structures et synergies le dénominateur commun, le principe à corriger ;

c/ Compatibilité avec la dimension humaine : sens de l'engagement existentiel, du pragmatique et de l’efficacité de ce mode d'action.

L'être humain se sent ainsi investi dans son travail sur ses influences et déterminants.

Il s'agit donc d'une tentative d'optimisation possible des apprentissages ou interviennent l'utilisation de :

- l'heuristique (règles pragmatiques ayant un degré de généralisation) ;

- la mutualisation (capacité d’une fonction identifiée à être utilisée dans plusieurs contextes) du travail et des compétences ;

- les principes de transfert d'un apprentissage à un autre.

Mon mémoire de Maîtrise de Psychologie à l’Université de Nancy II « La Psychologie du Point de Vue, Pour une psychothérapie plurielle et intégrative destinée aux intervenants, notamment les pompiers. », sous la direction du professeur Alexandre Kurc et du professeur Michel Musiol, 2003, 269 p., faisait déjà référence à ces principes, de par la nécessité de l’analyse des conditions d’émergence du stress des sapeurs-pompiers (en tant que facilitateur de traumatisme), où je montrai que différents stress étaient concomitants – organisationnel, menace physique et psychique, désagréabilité des tâches, somme des contraintes, incertitude des situations, responsabilité, relationnel, familial, etc., inter-reliés, inextricables, et pertinents pour la compréhension des systèmes en jeu.

Il en découlait une proposition de thérapie plurielle et intégrative spécifique aux intervenants.

(Et la conclusion était que le psychologue, dans ce genre d'organisation, se devait d'être un "anthropothérapeute", c'est-à-dire pluridisciplinaire : à la fois victimologue, psychologue clinicien, formateur et psychologue du travail et des organisations afin de pouvoir fournir un travail optimum… Il est, de par la pluralité de ses axes de recherches, un "anthropologue" au sens littéral (anthrôpos, "être humain", et logos, "parole, discours, étude"), c’est-à-dire un chercheur qui étudie l’ensemble des sciences concernant l’être humain dans toutes ses manifestations psychologiques, sociales, culturelles.)

(Tout ceci a encore été confirmé dans le Mémoire de Master 2ème année de recherche

de psychologie clinique et de psychopathologie « Fonctionnements psychopathologiques

et processus thérapeutiques de psychologie », à l’Université Vincennes - Saint-Denis, Paris VIII

en 2007, « Le stress et sa gestion personnelle chez les sapeurs-pompiers », dirigé par le docteur A. Lazarus.)

 

Le pari de la méthode est qu’en multipliant les angles d’approche, c'est-à-dire les disciplines, les techniques, les modes d’entrée en contact, etc., en s’intéressant simultanément et en appuyant alternativement sur chacune des dimensions de l'être humain, on augmente les possibilités de changement et on développe en même temps les différentes compétences humaines afin de devenir des hommes « plus complets ».

En intégrant, on unifie la connaissance, on unifie l'être humain, on unifie le patient, etc. à l'instar du Réel.

 

C’est une des pierres angulaires du Shikando.

Voilà pourquoi, au sein des psychothérapies individuelles, je peux aussi bien faire intervenir les Thérapies Comportementales et Cognitives, les Thérapies Systémiques, les Psychothérapies Phénoménologiques, Humanistes et Existentialistes, l’Antipsychiatrie, l’Analyse Transactionnelle, la Communication Non Violente, les Psychothérapies Transpersonnelles, les exercices respiratoires, la Relaxation, la Méditation, l’Hypnose, les Psychothérapies d’inspiration Psychanalytique et les Psychanalyses (Freud, Reich, Jung…), etc. sous forme d’hypothèses, au gré des besoins, des explorations et des intuitions avec le patient.

Si la plupart des thérapeutes sont (hyper-)spécialisés dans un outil, nous pouvons considérer le thérapeute intégratif comme disposant d'une boîte à outils lui permettant de s'adapter au problème, au patient, à l'instant, à son intuition.

(Et ainsi de faciliter l'accès à un point de vue méta, d'observateur, le libérant des outils en lui permettant de ne pas s'auto-restreindre à la théorie.)

Après le holisme, un autre outil, dont, je parie, on vous a très peu parlé à l’Université :

L’Intuition

« La pensée, on l'oublie trop souvent, est un art,

c'est-à-dire un jeu de précision et d'imprécision, de flou et de rigueur. »

Edgar Morin, Le paradigme perdu, p.134.

Tentative de définition rapide :

L'intuition, c’est l’émergence d’un traitement holistique de l’information,

- dont le fonctionnement est infra-conscient (comme la majeure partie de nos traitements de l’information),

- et dont l’accès à la conscience est souvent limité à un sentiment et/ou à des fulgurances.

Plan du chapitre :

Plan du chapitre "Intuition"

-> Du côté du thérapeute :

Le thérapeute gagne à acquérir une certaine confiance en l'apprentissage implicite, du fonctionnement du patient et des problèmes en jeu, qui permet d’apprendre des règles au-delà des cas, au-delà de ce qui est dit, de façon non-consciente.

Note : les sciences cognitives ont montré l'incroyable efficacité de ces apprentissages...

-> Du côté du patient :

C’est aussi comme ça que le patient apprend de façon infra-consciente.

Au delà des astuces, des solutions ponctuelles, des techniques, des compréhensions des problèmes en jeu, voire au delà des méthodes, le patient, au contact du thérapeute, apprends une certaine façon de penser et d’être.

Exemple de méta-apprentissage

D’où l’importance d’une confiance et d’une pensée positive face au patient. (Et pas un positivisme naïf...)

Transmission empathique

-> C’est donc un certain état de conscience.

Ce sens de l'hypothèse, de la simultanéité, de l'ambivalence, de l'ambiguïté, des apparents paradoxes, etc. et le sens de l'ouverture qu'invitent le holisme et la théorie de la complexité font entrer dans un monde étrange. (A l'instar des Kōans...)

Peut-être qu’il permet d’entrer dans une sorte de confusion (ou du moins de pensée au delà de l'ontologie aristotélicienne) qui rend sa légitimité à la complexité de la vie.

-> L'intuition, puisqu'elle ouvre à ce qui n'est pas immédiatement rationalisable, permet l'accès à l'imagination, à des impressions - des impressions de transposition. De là peuvent découler : créativité ; symboles, allégories, métaphores, analogies d’histoires proches, qui parlent au fonctionnement holistique humain car elle prend sens au niveau de la nature humaine.

Effet : suggestion détournée ; connotation et mise en valence émotionnelle.

Conditions essentielles pour laisser une place au sens de l’improvisation ; ... et pour rester un maximum ouvert.

=> Ouverture :

a/ sur des points de vues alternatifs (C’est ce qu’on enseigne au patient : voir les choses autrement ; on se doit d’être dans la même dynamique)

(Ouverture : - À la critique et l’auto-critique méthodologique, épistémologique et pragmatique ;

- À la diversité des formes du réel ;

- À la diversité des points de vue sur ce réel et aux propositions diverses qui y sont contenues ;

- À la possibilité de conciliations et d’une méta-théorie ;

- À stimuler son imagination.)

b/ Ouverture absolue : « Et après ?... », une certaine qualité de l’attente empathique.

Interroger sans cesse le patient, attentif, presque impatient que l'histoire se finisse... Si besoin la mener à bout. Voire l'étirer jusqu'à l'absurde...

L'objectif : que le patient se fatigue lui-même de ses histoires (et de ses schémas) et revienne au présent joyeux et serein.

Cf. François Roustang, Savoir attendre pour que la vie change (Voir bibliographie).

c/ « Ne crois pas trop ce que tu penses » : rester sceptique et critique face aux théories.

Est-ce que tu t'identifies à tes croyances?

=> Ne proposer que des hypothèses, rester interrogatif.

Proposer des exercices et des expériences en tant qu'explorations.

Permettre au sujet de passer d'un stade pré-rationnel à un stade rationnel puis trans-rationnel.

"Le but de l'instruction n'est pas de faire admirer aux hommes une législation toute faite,

mais de les rendre capables de l'apprécier et de la corriger.

Il ne s'agit pas de soumettre chaque génération aux opinions comme à la volonté de celle qui la précède, mais de les éclairer de plus en plus,

afin que chacun devienne de plus en plus digne de se gouverner par sa propre raison."

« Sur l'instruction publique » (1791-1792), dans Œuvres, Nicolas de Condorcet, éd. Firmin-Didot, 1847, t. 7, Second mémoire (« De l'instruction commune pour les enfants »), p. 212

J'ouvre une parenthèse avec cette vidéo d'Hypnomachie.

Une vidéo que j'ai trouvée presque une semaine après la conférence

et qui réunit bien plusieurs idées que j'ai exposées.

d/ Cela offre une nouvelle fluidité à la pensée : débloquer la vie qui se situe autour des préoccupations.

- Cela change la situation, le contexte, qui s’élargit alors ;

- On se met en mouvement ;

- Offre une capacité à s’adapter ;

e/ Point de vue d’observateur, voire point de vue méta.

f/ Apprentissage d'une pédagogie + entraînement à un esprit d’observation + encouragement à l’autonomie.

g/ C’est un esprit à insuffler : non pas tant des questions qu’un état d’interrogation – interrogation de la pensée, des émotions, des sens, du réel, sans réponse définitive, en suspens.

Avec soi au centre. Au centre de quoi ? de ses différentes dimensions.

Au cours de mes recherches, j'ai tenté de trouver le ou les dénominateurs communs entre tous les messages que nous ont livrés les explorateurs précédents (psychologues, philosophes, mystiques, artistes, entraîneurs sportifs, etc.)

Des mots et expressions reviennent, qui nous sont maintenant connus et communs : "Juste milieu", "Alignement", "Équilibre", "", "Le Principe de Boucles d'or", "Le Point Sublime", "congruence", "réduire les Dissonances Cognitives", "Réunification", "Harmonie".

Ainsi, par exemple, et en simplifiant un peu les conceptions de chacun, le stoïcisme nous parle d'accorder nos actions à l’ordre rationnel du monde ; l'épicurisme, de réduire les tension, la psychanalyse freudienne parle de rapports de forces, de sublimation, etc. ; la psycho-sociologie indique que le bonheur pourrait consister à synchroniser ses illusions personnelles de sens de la vie avec les illusions collectives dominantes (dès que mon récit personnel est au diapason des récits de mon entourage, je puis me convaincre que ma vie a du sens et trouver du bonheur dans cette conviction.) ; La Gestalt thérapie met l'accent sur un ajustement permanent entre un organisme et son environnement, et le besoin d'achever les Gestalt ; sans parler du concept transversal de "dialectique" en philosophie qui indique l'évolution par des jeux dynamiques.)

A chaque fois, il s'agit d'un accordage inter-dimensionnel au sein d'une dynamique,

de réunir toutes les parts de soi, toutes ses dimensions.

Différentes dimensions de l’humain

Les différentes dimensions de l’humain sont symbolisables par les 7 principaux chakras, mnémotechniques, que je résumerai ici par leurs fonctions psycho-corporelles

(J'ai tenté un rapprochement, par leurs correspondances, avec une autre classification : celle des "intelligences multiples", de H. Gardner.

Quelle utilité d’une deuxième nomenclature - que je vais vous présenter entre parenthèse ?

Elle met l’accent sur ceci :

Le Shikando cherche le canal d’entrée, le canal de communication, la voie d’accès aux particularismes de fonctionnement cognitif de chacun afin que tous puissent comprendre la démarche (commune) de canalisation et d’harmonisation.

Simultanément, elle permet d’explorer et de stimuler les différentes grandes catégories d'intelligences) :

- physique, (Corporelle, physique-kinesthésique

Où on parle de conscience corporelle, de mobilité et de motilité, de sensorialité, de fonctionnalité, de confiance fondamentale et de sécurité, d'éprouver la dimension psycho-corporelle dans sa non-dualité.)

- adaptative/créative, (Spatiale

Où on parle de relations entre les objets et des images mentales, de contraintes en tant que repères et opportunités.)

- conative/volitionnelle, (Intra-personnelle

Où on parle de connexion à soi (ou plutôt "d'unité à soi") (plaisirs, besoins, force intérieure, etc.), de représentation de soi, de volonté de soi, de contrôle de soi, de confiance d'action de soi, de réalisation.)

- émotionnelle et affective, (Interpersonnelle

Où on parle d'attention, d'empathie, d'entraide, de comportement.)

- communicationnelle et sociale, (Verbo-linguistique

Où on parle d'expression, de langage et de communication.)

- cognitive et intuitive, (Logico-mathématique

Où on parle d'entendement, d'analyse, de logique et de technique, d'intuition.)

- et spirituelle… (et Existentielle

Où on parle de sens, de sacré quotidien, de façon d’être, d'observation de l’observateur, d'être ouvert à l’au-delà et à l’en-deçà, à « l’inattendu », de non-dualisme.)

Exemple : Rapport au corps :

- Un déterminant primordial

Un proverbe chinois dit : "On ne peut marcher en regardant les étoiles quand on a un caillou dans son soulier. »

Le corps, jusqu’aux boyaux de la tête, nous dirigent bien plus qu’on ne croit ;

Chaque dimension sert de fondation aux suivantes qui en émergent ; Le corps est la base.

- Travailler sur le corps, c'est aussi travailler sur le réel, c'est un exercice (sens du mot : on s’exerce à autre chose qu’à l’exercice) ; c’est une occasion ;

- Apprendre par le corps permet d'ancrer les savoir, de les intégrer plus facilement, littéralement de les incorporer.

Certains de ces savoirs sont justement transcendants, à l'instar des histoires Zen qui parlent tout aussi bien simultanément de philosophie, de pratique quotidienne, d'activité physique ou d'arts martiaux, etc. Apprendre dans le concret de l'expérience corporelle donne beaucoup de crédit et de prégnance à ces apprentissages.

- Unité corps-esprit, deux points de vue d’un même réel ;

Probablement une des fonctions thérapeutiques est justement de les réunifier.

- Le corps systémique

- C’est-à-dire que lui-aussi fonctionne avec une multitude de facteurs.

- Actions plus ou moins infra-conscientes, du reptilien au cortical.

- Quelle est notre puissance d’action sur le cerveau profond ?

- La question des sens

Le cerveau à trois grands modes de direction de l'information :

- afférent (qui amène de la périphérie vers le centre : les sensations),

- celui de traitement autonome (les cogitations, les raisonnements, les histoires, etc. les ruminations !),

- et efférent (qui sort du cerveau, qui produit un effet, moteur).

Or c'est justement le premier qui est sous-exploité, au profit des deux autres qui nous ramènent respectivement aux cogitations et à faire plutôt qu'à être plus simplement. Autrement dit : on tourne en boucle

=> Pousser l’investigation au-delà : au cours de chaque exploration sensorielle, on peut chercher à approfondir et ne pas se contenter d'une superficialité, et on peut se demander : ...« Et après ?... »

Exemple : Au niveau émotionnel

Information et apprentissage ;

- Canaliser et corriger les représentations qu'on a des émotions : elles peuvent ne pas être juste une ambiance subie mais être vécues avant tout comme un outil, issu d'une histoire dans une perspective psycho-évolutionniste ;

- Pour reconnaître ses émotions, il s'agit déjà de pouvoir percevoir les effets et signaux corporels.

Note : L’abréaction ne suffit pas. Pour qu’elle soit efficace, il lui faut être accompagnée d’une réévaluation de l’événement passé – un autre angle de vue ; et une transformation affective et cognitive – transformation du souvenir (ou du moins du rapport au souvenir - ce qui est une des parts importantes de la prise de conscience de notre responsabilité dans l'interprétation des situations et de la psychanalyse clinique (de nos projections et) du transfert).

Et on pourrait multiplier ici les propositions d'interventions à chaque dimension de l'être humain.

Il s'agit donc, en thérapie, d'accordages et de canalisations :

- au sein de chaque dimension ;

Apprendre à bien utiliser chaque dimension, comme on le fait d'un outil.

Il est primordial de comprendre son fonctionnement et de comprendre notre rapport avec elle/lui.

- des dimensions entre elles.

D'une part, canalisations et recherche de compatibilités entre chaque dimension (autour d'un réel commun) ;

Et même la recherche d'une "façon d’être" commune à l'ensemble des dimensions, le langage commun, intégratif, à toutes les dimensions ;

D'autre part, une compréhension de l'intrication localisée des problèmes actuels du patient, et une action plurielle et conjointe - intégrée et intégrative.

Conclusion provisoire

Si nous laissons une telle part à l'intuition, dès lors ne sommes-nous pas tous psychologues ?

Et d'ailleurs, s'il existe une telle multitude de dimensions (dont la plupart ne sont pas spécifiquement étudiées dans les universités de psychologie) influençant notre état, qu’est-ce que la psychologie ?

-> C’est un certain niveau de fonctionnement de l’être humain, cette zone qui entoure la conscience.

- Ca devient bien vague tout ça... ^^

Cependant les psy' gardent une place de choix : Nous sommes des experts, spécialisés, et nous possédons des outils dont techniques, théories, méthodologie, épistémologie. Par ailleurs, nous ne traitons pas qu'avec des facteurs, des causes, des déterminants, des influences, etc. nous traitons avec le sujet. Nous lui donnons des outils à lui. C'est lui l'acteur - le point central ; le dénominateur commun.

Et puis la psychologie humaine semble avoir elle-même ses structures, ses caractéristiques de fonctionnement, etc. Et nous sommes là pour les révéler, quand c'est nécessaire, dans le fonctionnement quotidien du patient.

Facteurs, causes, déterminants, influences sont aussi des prolongations de soi, des continuums à l'échelle de l'univers ; Il convient d'explorer toutes ces situations..., autour de soi comme centre.

Alors, si j'ai mis tant en avant l'intuition, c'est qu'elle est généralement (académiquement, disons) sous-estimée dans son intérêt en psychothérapie.

Cependant, toute importante qu'elle soit, il s'agit toujours d'interroger l’intuition dans les hypothèses du thérapeute et celles du patient : les biais cognitifs, les faux-souvenirs, et autres mécanismes non-conscients ("mécanismes de défenses", transfert, projections, etc.), la mise en situation (interroger les influences diverses) !

C'est là encore que la psychologie nous est grandement utile.

Et puis, comme je l'ai sous-entendu et argumenté, l'intuition se base sur une bonne incarnation, et donc par la sensation. Et le psychologue peut aider à trouver les leviers pour encourager cette évolution. Il interviendra aussi pour faciliter la souplesse de passage : de l'analyse à l'intuition ; de l'intuition à la sensation ; d'une dimension à une autre ; et réciproquement.

Bref, il s'agit, face au pôle holistique, de discerner.

Par exemple, concrètement, en thérapie, de cerner le problème ; préciser la demande ; discerner le désir, le besoin et le délire dans la demande ; etc.

Autrement dit, un holisme qui intègre son pôle opposé.

Shikando - Version psychocorporelle

Avec le Shikando, j’ai donc cherché l’essentiel.

Il en a résulté une définition du Shikando lui-même :

En effet, toutes nos mises en action sont attribuables à l'exploration.

Ce qui n’est pas Exploration ne serait qu’homéostasie et épiphénomène?...

Peuvent ainsi sortir du cadre de l’exploration : le Silence, le ressassement, la survie, la restauration, etc. (Encore qu'on puisse explorer toutes ces situations... en faire un art...)

Il en a aussi résulté quelques concepts (et quelques néologismes) permettant l'intégration : "canalisation" (dont l'étymologie rappelle le radical \'kan.ne\ nippo-sino-indo-européen de "Shikando"), "métamutation", etc. ; et l'épanouissement : Sentir/être, Intention/intuition/interrogation, Créativité, Plaisir/joie/bonheur..., le tout, autour de l'Exploration.

Cet ensemble de concepts colorant les exercices et la pratique du Shikando mériterait un approfondissement d'explication. Je vous le livrerai ultérieurement si vous m'en faites la demande.

Le Shikando dans sa version psychocorporelle utilise une multitude d’outils corporels :

Le Shikando, dans sa version psychocorporelle toujours, dispose d’une base et d'une colonne vertébrale inspirée des théories psychomotrices.

Cet aspect psycho-moteur s'intègre dans des dimensions toujours plus vastes, correspondant aux dimensions supérieures.

Avec ces mises en situation, on passe ainsi progressivement du corporel au spatial puis au relationnel, comme les psychomotriciens et certains danse-thérapeutes conçoivent la construction de l'individu.

Ainsi, à travers toute une variété d'exercices utilisant le corps dans des situations psychologiques et sociales différentes, on expérimente différentes "façons d'être" en conséquence, et une "façon d'être" épanoui dans l'unité.

Et on utilise ainsi la multiplicité pour découvrir le dénominateur commun.

Mais comme vous le voyez, tout ceci demanderait plus de temps.

La Fédération Française des Psychologues et de Psychologie m'a proposé de revenir faire une conférence de deux heures un soir à l'Université de Lorraine pour présenter plus en détail le Shikando.

Si vous êtes intéressés, restez connectés : je mettrai la date sur ce site et sur mes Facebook (journal et page).

Je vous remercie de votre attention.


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