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Les phases du deuil, et la transformation

Le deuil est une réaction éprouvée à la suite de la mort d'un proche.

Mais quand les psy' parlent de "deuil", ils font référence à un concept plus large de « perte définitive » d'un objet auquel un individu peut tenir.

Il est généralement considéré comme un processus nécessaire de délivrance, nommé « résilience ».

C'est "tourner une page" ; dire adieu à quelque chose pour dire bonjour à quelque chose de nouveau.

Allo, chérie? 'T'énerve pas...

On entends parfois que le travail du deuil passerait par différentes étapes. J'ai même eu une patiente qui m'en parlait comme une sorte de To Do List qu'elle était comme en train de cocher, des étapes qu'elle attendait, qu'elle créait en somme, à la suite d'une perte d'un être cher.

Deux erreurs : Non seulement l'attitude de la patiente était nocive pour elle, puisqu'elle créait sa propre souffrance!, mais en plus l'information qu'elle avait reçue, et qui est souvent transmise de la sorte, était erronée - voilà pourquoi cette patiente avait été induite en erreur.

Mon premier travail fût donc de rétablir une certaine vérité afin de l'émanciper de ce modèle pathogène, qui lui faisait vraisemblablement plus de mal que de bien.

Le travail de psychothérapeute, à mon avis, passe aussi par ce genre d'actions et de compétences. Certains en parlent comme étant de la psychopédagogie [1]. J'en fais souvent. Elle a des vertus thérapeutiques efficientes insoupçonnées. Et elle permet au patient d'apprendre au passage à aiguiser son sens critique, voire à l'exercer à une méthodologie, elle l'aide à s'émanciper.

On est dans le domaine de l'intellect et du mental - 6ème Chakra ; Ne faisons pas comme s'il n'existait pas ou comme s'il était superflu, comme si la vérité n'était qu'ailleurs. Il convient de le canaliser, (de le conformer au réel). De lui donner les bonnes directives, de l'apaiser.

Si le théoricien - celui qui a prétendu que "le travail du deuil passait par différentes étapes", a initialement appliqué ces étapes à toute forme de perte catastrophique (emploi, revenu, liberté) ou la mort d'un être cher, le divorce, la toxicomanie, ou l'infertilité, ses conclusions étaient inspirés par ses travaux sur les patients en phase terminale d'une maladie.

(Méthodologiquement, on peut déjà s'interroger sur la possibilité de transposition d'un contexte à un autre. Passons.)

C'est Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre suisse, qui parla de ces étapes, qui me reviennent souvent aux oreilles. D'autres théoriciens en ont proposé d'autres avant et après. Mais celle-là eut le vent en poupe.

En fait, il s'agit là d'un parangon des informations qui circulent de bouche-à-oreille. Certains universitaires eux-mêmes ont été les premiers à tomber dans le piège, les premiers citant approximativement, les suivants sans prendre la peine de remonter à la source référencée, jusqu'à établir en tant que communauté implicite qu'il s'agissait là d'un savoir certain, acquis, d'un fait établi, un travail de laboratoire qu'on ne peut remettre en question tant il est cité.

Quand l'information a passé la barrière du savoir universitaire pour tomber dans la vulgarisation et dans le domaine public (journalistique entre autres), elle n'a pas gagné en rigueur intellectuelle...

Cela fait partie de ce qu'on appelle les « neuromythes ».

Vidéo : Les neuromythes - Elena Pasquinelli (1h53)

Elisabeth Kübler-Ross a proposé ce modèle pour la première fois dans son livre de 1969 Les Derniers Instants de la vie.

Le modèle Kübler-Ross, ou les « cinq étapes du deuil », postule une série d'émotions ressenties par des malades en phase terminale avant leur mort.

  1. Déni (Denial). Exemple : « Ce n'est pas possible, ils ont dû se tromper. » Ou simplement : « Non, ce n'est pas possible. » Ou encore « Ca n'est jamais arrivé. »

  2. Colère (Anger). Exemple : « Pourquoi moi et pas un autre ? Ce n'est pas juste ! », « C'est la faute de (...) ! »

  3. Marchandage (Bargaining). Exemple : « Laissez-moi vivre pour voir mes enfants diplômés. », « Je ferai ce que vous voudrez, faites-moi vivre quelques années de plus. »

  4. Dépression (Depression). Exemple : « Je suis si triste, pourquoi se préoccuper de quoi que ce soit ? », « Je vais mourir… Et alors ? »

  5. Acceptation (Acceptance). Exemple : « Maintenant, je suis prêt, j'attends mon dernier souffle avec sérénité. »

Ce modèle a vraisemblablement évolué, et il n'est pas rare de voir des schémas expliquer la linéarité logique des faits comme suit :

Modèle de Kübler-Ross

Ce qu'on oublie généralement de mentionner à propos de ces travaux (et qui contredit toute possibilité de schéma), c'est que : Kübler-Ross a fait valoir que ces étapes ne sont pas nécessairement dans l'ordre indiqué ci-dessus, et que toutes les étapes ne sont pas non plus vécues par tous les patients, mais elle estime que chaque victime en vivra toujours au moins deux.

("Chaque victime en vivra toujours au moins deux." Voilà de quoi exercer son sens critique : )

Je note qu'en même temps, s'il n'y a pas la cinquième étape, "l'acceptation", les professionnels de la santé estiment que le deuil n'est pas achevé.

Et s'il n'y a que la cinquième, ils n'estimeraient pas qu'il s'agit d'un deuil...

Mathématiquement, il y en a au moins deux. (Qu'est ce qui se passerait s'il mourrait avant d'avoir eu le temps d'en avoir une deuxième? - La méthodologie ne l'envisage pas.

Et si on parle de deuils non résolus, il n'est pas étonnant non plus de voir qu'un individu teste au moins deux modes de relation au deuil, deux stratégies pour le gérer.)

Bref, on peut reformuler : il s'agit là plutôt d'étapes possibles car...

Dès lors à quoi peut servir un tel modèle? Nous montrer ce qui est possible?

Il est bien plus intéressant de comprendre comment fonctionnent ces différents processus.

N'existerait-il pas d'autres étapes possibles...?

Ces autres possibles pourraient être en fait de ce qu'il est classiquement convenu d'appeler des "mécanismes de défense", un concept d'origine psychanalytique.

Je préfère le terme de "processus de transformation", que j'ai développé en 2007 à l'occasion d'un mémoire de de Master 2 [2], sous la direction du professeur Serban Ionescu lui-même.

Parmi les "mécanismes de défense", on trouve des processus aussi variés que :

Hé bien toutes ces manifestations peuvent, en définitive, s'appliquer à un processus de deuil... Et pourquoi pas??

Respectueusement - je tiens à préciser ;) )

Voilà bien de quoi remettre en question ce modèle qui a tant fait parlé de lui.

Si le deuil est associé à une émotion, c'est bien la tristesse.

Rien d'étonnant là-dessus, la tristesse étant l'émotion qui nous invite à faire un retour sur nous-même, à constater à quel point la perte est douloureuse et difficile, et à faire le point sur tous les changement que cette perte entraîne avec elle.

De là, on comprends mieux les phases :

- Quand la tristesse s'enkyste, né la dépression (étape dite "4"). Et il est aisé pour un psychologue qui chercherait à conforter son modèle d'assimiler la tristesse à une dépression.

- La colère (étape dite "2") provient du fait de la contrariété qui vient empiéter sur l'espace idéalisé des représentations du réel.

- Le déni, (étape dite "1"), c'est juste le temps que le cerveau enregistre (puisse enregistrer) l'information.

- Le marchandage, (étape dite "3"), c'est la tentative de trouver une alternative dans le réel, en demandant de l'aide.

Tout ceci paraît très cohérent...

En fait, la bonne question est de savoir pourquoi le modèle ne fonctionne pas ; pourquoi certaines personnes ne semblent pas passer par telle ou telle phase ; comment les phases peuvent être inversées.

Voici ma proposition d'interprétation :

Je pense qu'on peut facilement considérer que ces prétendues étapes - "qui ne sont pas systématiques, qui ne sont pas nécessairement dans cet ordre" - sont simplement des tentatives, plus ou moins conscientes, pour l'individu de trouver une façon de s'adapter et de transformer cette perte.

(Notons au passage que cette exploration contient différentes dimensions, pas uniquement purement psychologique. Par exemple :

Pour pouvoir accepter, il doit sortir des dissonances cognitives et donner du sens [3] (à la/sa vie). Comment ne pas évoquer la spiritualité (voire parfois la religion ou la mystique) avec certains patients?

Ces vécus s'inscrivent dans le corps. Et l'histoire du corps oriente la pensée. Comment ne pas évoquer le lien de l'esprit avec le corps, ses tensions, sa posture? [4])

Il cherche un mode d'être, il est sur le chemin, qui, parfois contre sa volonté, ne peut s'achever que par l'acceptation [5].

Faisant son propre chemin, il est le chemin.

Rabindranàth Tagore, (compositeur, écrivain, dramaturge, peintre et philosophe indien, Prix Nobel de littérature en 1913) lui qui, en 1901, perdit sa femme ainsi que deux de ses enfants avant qu'ils aient atteint l'âge adulte, nous offre une leçon :

« La leçon la plus importante que l'homme puisse apprendre dans sa vie n'est pas que la douleur existe dans le monde, mais qu'il dépend de nous d'en tirer profit, qu'il nous est loisible de la transmuer en joie. » Sadhana, 1916.

Le deuil peut devenir aussi l'occasion de réactualiser ses connaissances sur le réel, à commencer par notre conception de la mort, de notre propre mort, et des façons qu'on a de se leurrer, de s'inventer des histoires, etc. La perte et le deuil sont une opportunité : ils nous ouvrent à d'autres transformations.

Voilà. Transformation est un mot-clé.

Un travail psychothérapeutique passe donc par la canalisation, des émotions selon leurs fonctions respectives [6] et des "processus de transformation", des différentes fonctions psycho-corporelles, différentes dimensions de l’Être Humain [7], par l'exaltation d'une certaine façon de penser, d'un certain état d'être qui dépasse nécessairement le domaine universitaire et académique de la psychologie classique.

Ma pratique de psychothérapie individuelle est certes en lien avec des disciplines enseignées à l'université tels la méthodologie, la psychologie cognitive, la psychologie humaniste et même la philosophie et, de façon plus nette avec justement la psychothérapie intégrative, mais aussi avec la dimension spirituelle de l'homme.

Parfois, en psychothérapie, on peut avoir besoin de techniques de relaxation, ou même d'aller plus profondément dans la méditation (dont un des chevaux de bataille est justement l'acceptation, le lâcher-prise), ou encore de faire ponctuellement référence aux thérapies psycho-corporelles, considérant le corps et l'esprit aussi comme deux versants d'une même pièce.

Il s'agit d'avoir une vue globale, holistique, du moins de pouvoir changer de point de vue. (C'est d'ailleurs ce qu'on demande au patient.) Pouvoir articuler les savoirs, faire s'interpénétrer les différentes dimensions, intégrer paraît essentiel.

J'invite tous les psychologues, thérapeutes et praticiens à faire de même.

Gardons notre sens critique et notre capacité à discerner les choses d'une part ; et d'autre part, je pense qu'il est aussi toujours bon de revenir à la base, c'est à dire de s'ouvrir, à l'Unité.

C'est ce que le Shikando propose dans la théorie, la pratique et l'exemple.

Restons dans le flux : c'est la vie! :D

_______________________________________________________________

Il s'agit ici de clarifier les processus et les représentation qui en sont faites, en les mettant en adéquation avec le réel, avec nos connaissances scientifiques et/ou pragmatiques.

Comme pour de nombreux apprentissages, on peut réellement dire qu'il y a un "avant" et un "après".

[2] « Les mécanismes de défense, indice d’une idéologie de l’opposition.» Sous la direction du professeur Serban Ionescu. Mémoire de "Master 2 Recherche" de l’Université de Paris VIII, 2007, 35 p.

La proposition "processus de transformation" a plusieurs vertus :

- Elle peut intégrer les concepts de "mécanismes de défenses" et de "coping" dans un continuum ;

- Elle profite des enseignements de la pensée systémique et de la pensée taoïste et zen ;

- Elle induit une dynamique, un engagement et une interaction, qui possèdent de réels pouvoirs thérapeutiques ;

- Elle invite au concept "d’Homo zêtêtikos", l'homme qui cherche, qui explore...

[3] Voir les principes de la logothérapie et des thérapies existentielles.

[4] Voir les principes des thérapies psycho-corporelles.

[5] « Prends l’habitude de penser que la mort n’est rien pour nous. Car tout bien et tout mal résident dans la sensation : or la mort est privation de toute sensibilité. Par conséquent, la connaissance de cette vérité que la mort n’est rien pour nous, nous rend capables de jouir de cette vie mortelle, non pas en y ajoutant la perspective d’une durée infinie, mais en nous enlevant le désir de l’immortalité. Car il ne reste plus rien à redouter dans la vie, pour qui a vraiment compris que hors de la vie il n’y a rien de redoutable. On prononce donc de vaines paroles quand on soutient que la mort est à craindre non pas parce qu’elle sera douloureuse étant réalisée, mais parce qu’à est douloureux de l’attendre. Ce serait en effet une crainte vaine et sans objet que celle qui serait produite par l’attente d’une chose qui ne cause aucun trouble par sa présence.

Ainsi celui de tous les maux qui nous donne le plus d’horreur, la mort, n’est rien pour nous, puisque, tant que nous existons nous-mêmes, la mort n’est pas, et que, quand la mort existe, nous ne sommes plus. Donc la mort n’existe ni pour les vivants ni pour les morts, puisqu’elle n’a rien à faire avec les premiers, et que les seconds ne sont plus.

Mais la multitude tantôt fuit la mort comme le pire des maux, tantôt l’appelle comme le terme des maux de la vie. Le sage, au contraire, ne fait pas fi de la vie et il n’a pas peur non plus de ne plus vivre : car la vie ne lui est pas à charge, et il n’estime pas non plus qu’il y ait le moindre mal à ne plus vivre » Lettre à Ménécée, par Épicure.

[6] Voir un prochain article sur ce blog sur les "Émotions".

[7] Ces différentes fonctions psycho-corporelles correspondent aux 7 Chakras principaux. Les dimensions principales d’application qui vont être canalisées peuvent être résumées par : physique, émotionnelle ou affective, cognitive, sociale et spirituelle...

Un article viendra bientôt expliquer tout cela.

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