La danse(-de-couple) est-elle suggestive?
La danse(-de-couple) est-elle suggestive?
J'ai cherché le sens du mot "suggestif" :
"Qui est propre à suggérer
soit en suggérant un sous-entendu sensuel ou érotique,
soit en faisant rêver."
La rencontre
Des "sous-entendus sensuels ou érotiques"?
Avec une telle définition, oui, certains ou certaines peuvent avoir des "danses suggestives".
On rentre ainsi parfois dans la catégorie fourre-tout (lol) des "danses érotiques"qui visent principalement et avant tout à exciter le partenaire, celui qui regarde ou participe.
Ce peut être une fonction de la danse.
Sachez cependant que beaucoup de danseurs et danseuses ne sont pas là pour ça - quel que soit leur danse et ce qui semble en transparaître.
La rencontre pendant la danse : rentrer en contact
Si t'es du genre à y aller franco : doucement, mon coco!
Regarde et ressens attentivement les signes la personne avec qui tu danses (et ceux de son/sa conjoint(e) ! lol ).
Même si l'affirmation et la fermeté peuvent être des qualités appréciables pour certains et certaines, la progressivité reste une valeur sûre. Ce serait dommage de manquer de tact... ;)
On the over side :
J'invite toute personne mal à l'aise face à ce genre de comportement (invasif) de signifier son point de vue, de marquer son positionnement et de poser les limites si nécessaire.
Si on le pré-sent (si on croit le pré-sentir) dès la danse :
On peut le faire avec le corps, dans un premier temps. Probablement de façon infra-consciente d'abord, avec finesse, délicatesse, bienveillance et fermeté ensuite. Il peut se faire par un regard, ou par une prise de distance concrète des corps au sein de ce qu'on appelle l'étreinte ou abrazo.
(Et c'est valable si on ne le trouve pas assez invasif... ^^ )
Et, si le message ne passe pas, on peut le signifier verbalement.
En d'autres termes, si tu trouves la situation trop sensuelle, utilise quand même ta langue! Plus sérieusement : Je vous invite à utiliser la merveilleuse méthode qu'a proposée Marshall Rosenberg : la CNV - Communication Non Violente.
Première d'une série de vidéos que je vous conseille grandement...!
(A regarder en famille, entre amis, ou seul et posé)
Il y a donc ainsi une sorte de contrat tacite entre les danseurs, deux êtres humains libres et consentants.
La proximité dans la danse est ainsi alors en question, bien plus même que le style parfois, ou la suavité.
Elle marque certes l'engagement par le placement des corps l'un par rapport à l'autre mais prenez bien conscience que l'habitus et les coutumes en danse protègent les danseurs et
"Ce qui est dans la danse reste dans la danse".
Le temps de la danse peut être une occasion de sublimation, de défoulement, de jeu.
Dans ses conditions, même une danse dite pelvienne, même les contacts, voire les frôlements, ne signifient pas un engagement au delà de la danse. (Méfiez-vous des préjugés.)
La rencontre après la danse : prolonger la danse
Si la "suggestion" se confirme, insiste et se concrétise après la danse, contrariant votre désir, rebelote :
Signifiez votre point de vue, marquez votre positionnement et posez les limites si nécessaire. Ça peut se faire sans heurt ni dénigrement.
L'autre, c'est la différence... et c'est le commun
Il y existe cependant à la fois
- différentes formes de danse (Tango Argentin, Zouk, Perreo, Twerk, etc.),
- différentes façons de danser plus ou moins sensuelles,
- et différentes conceptions de l'engagement dans l'après,
le tout, reconnaissons-le n'étant pas sans corrélation.
Et leurs trois limites sont culturelles et subjectives.
Un des principaux soucis, (en dehors de l'éventuel manque de lisibilité par manque d'habitude, de connaissance culturelle, et de recul de la situation), est que nous avons des besoins différents - ou en tous cas s'expriment-ils différemment et dans des ordres prioritaires différents, et que ça n'est pas marqué sur nos fronts.
Merci donc d'utiliser cet outil magnifique qu'est le langage.
Et après?
Bein quand même...
Enfin, si et quand la danse n'a pas une volonté post-danse, il n'en reste pas moins que les corps se présentent l'un à l'autre... directement, dans leur vocabulaire respectif, avec leur tonicité commune, dans des mouvements complémentaires... et ouvrent ainsi parfois des désirs, des potentialités, des opportunités...
La danse n'est pas (nécessairement) suggestive : elle peut le devenir dans l'esprit de celui ou celle qui se laisse aller à imaginer une suite. ^^
Dans ce cas, alors, ça se discute.
Proposition éthique (suite) :
Je ne peux parler qu'en mon nom. A vous de voir si c'est transposable à votre point de vue, et si c'en est un que vous pourriez estimer transposable à la communauté.
En tous cas, pour celles et ceux qui viendraient danser avec moi, soyons clairs.
En toute honnêteté.
Voici mon point de vue personnel, actuel, mon éthique, en lien avec ma façon d'avoir du plaisir généralement dans la danse.
Je ne dis pas qu'il ne pourrait pas y avoir d'exception.
C'est l'état d'esprit dans lequel je commence la danse.
Je ne cherche pas à ce que ma danse soit suggestive.
Par rapport à l'extérieur, aux spectateurs :
Dans le sens où ce qui se passe avec ma cavalière ne regarde que elle et moi.
Pour les autres, les spectateurs voire les voyeurs, j'ai trois accords toltèques :
- N'en faites pas une affaire personnelle : il s'agit d'une relation entre deux êtres, vous n'êtes pas convié avec eux ;
- Ne faites pas de suppositions : vous ne savez rien de ce qui se passe réellement entre les danseurs ;
- Que votre parole soit impeccable : désirez-vous être cette personne qui profère le mal et les ragots qui le portent?
Et j'en rajouterais un, plein d'amour :
- Occupe-toi de tes oignons!
À l'intérieur :
Quant à ce qui se passe réellement avec ma partenaire : Je crois (et j'espère) ne rien suggérer de plus que ce qui est dans la danse : pas de sous-entendu ou de choses cachées : le plaisir brut, de deux êtres complices qui jouent ensemble, de deux corps qui se soutiennent dans ce jeu... ;
Ici encore, entre deux danseurs, des limites peuvent être posées selon le ressenti de chacun.
(Et on n'a pas à sacrifier son plaisir pour le désir de l'autre!)
Il peut y avoir des variations toniques dans la danse, il peut y avoir de la douceur, mais dès que le geste devient ergonomique, fluide, naturel, guidé par le plaisir musculo-viscéro-sensoriel, qui plus est partagé et, avec les intentions de mouvement, prolongé dans l'autre, il devient sensuel.
Qui plus est, dans la danse, la sensualité, poussée, peut devenir érotique, je n'en disconviens pas - cependant pas érotique au point d'en oublier la musique qui nous entraîne, le corps qui danse, le contexte contractuel, pas au point non plus de se faire des films :
pour moi, le plaisir est direct et sans attente, sans répercussion ;
Autrement dit : avant tout, mon corps en mouvement, en communion avec l'autre, avec la musique, (avec les danseurs alentours, avec l'environnement physique), en connivence, en bienveillance...
Deux corps en communion : la recherche de l'harmonie
"Faire rêver"
De doux mots, pleins de fantasmes, d'attente... et de caprices, de déconvenues, de déceptions, de frustrations, etc.
Cendrillon, qui trouve chaussure à son pied,
et qui peut s'taper l'prince pa'ce'qu'elle a une beeeelle robe.
(Au fait, que penser allégoriquement de son chausson de verre, petit réceptacle où une partie du corps peut se glisser et être tenue serrée, dont les limites se dessinent d’une matière fragile qui peut se briser si on la force, et qui se perd facilement à la fin d’un bal...?)
Dans la deuxième définition, qui propose une conception de ce qu'est "d'être suggestif" - faire rêver, merci, je prendrais ça comme un compliment si je ne cherchais pas tant à revenir au Réel, comme on le fait en méditation.
Encore une fois : le plaisir ici et maintenant.
Je préfère savoir que ma danse donne (physiquement) envie de danser que de savoir qu'elle éblouit.
Une danse qui éblouit me paraît être bien trop souvent une danse très intellectualisée (et avec peu de coeur), très spectaculaire (tournée vers l'image et non l'être, vers l'apparence et non le sentir).
Une danse qui éblouit paraît bien souvent élitiste, et laisse bien des gens sur le carreau, renforçant leurs complexes. Au contraire, je préfère une danse qui donne envie non pas de "savoir danser" mais de danser!
Une telle danse n'en engage pas moins une qualité de guidage et de créativité, et une connaissance et une maîtrise des corps et de leurs interactions, mais le rapport entre les danseurs est alors plus fin, plus subtil.
Déploiement
Ainsi, j'aime ne pas être suggestif et simultanément je remercie secrètement mes partenaires qui me permettent de m'exprimer dans ma sensualité et nous permettant cette proximité.
[Si ma cavalière me conforte de sourires, de regards encourageants et de sa propre sensualité, je peux ainsi vivre un moment fort et explorer et m'épanouir dans ma globalité et dans différentes dimensions de mon être :
(Sécurité/fonctionnalité,
Adaptation/fluidité/créativité/sensualité,
Estime de soi/motivation/pro-activité,
Amour/affectivité/compassion/gratitude,
Expression/écoute/communication,
Intuition/technique/acceptation,
Contemplation ;
Vous reconnaîtrez ici quelques fonctions des 7 principaux chakras...)]
(Toutes les danses, tous les partenaires ne se prêtent pas à cette sensualité ; il n'y a pas nécessité non plus.)
Et il y a bien d'autres choses à exprimer dans la danse que la sensualité - même si elle tient un rôle essentiel puisqu'elle est un versant de la sensorialité.
Je reconnais l'ambiguïté de la situation et si cette personne est par ailleurs très à mon goût, je reconnais ma propre ambiguïté.
C'est encore là que les paroles peuvent nous sauver...
Conclusion
Quoi qu'il en soit mon invitation est la même : retour à l'ici-et-maintenant.
Profite de chaque instant.
Partage ta joie de vivre.
Merci de votre attention et de votre intérêt.
Rendez-vous sur la piste de danse et... Enjoy!!!
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