Rei ! - Le Salut
Le salut collectif qui est fait en début de séance de la plupart des arts martiaux asiatiques est un rituel, il a pour but de signifier, de lier le groupe et d’ancrer dans le corps.
C’est ce même salut que j’invite à réaliser au début d’une séance de Shikando.
Signifier :
Quelle est l’intention qui doit sous-tendre cette pratique ?
C’est évidemment une marque de respect, d’abord. Un respect mutuel, pour chacun et pour la place de chacun (selon sa fonction (maître/élève, et selon le grade et l'ancienneté)). C'est une marque de reconnaissance de l'investissement du travail de chacun qui permet de remercier du temps qui a été consacré.
(Je le rapprocherais personnellement du "Namasté" indien :
(littéralement "Je salue – ou je m'incline – devant votre forme")
"Mon âme salue ton âme. En toi, je salue cet espace où réside l’univers entier. En toi, je salue la lumière, l’amour, la beauté, la paix parce que ces choses se trouvent aussi en moi. Parce que nous partageons ces attributs, nous sommes reliés, nous sommes semblables, nous ne sommes qu’un."
(C’est beau, n’est-ce pas ? – Comme le disait un ami très gourmand : « ça donnerait presque envie d’en manger ! » :D …Miam ! ))
Ce salut respectueux est donc aussi une façon de montrer et vivre sa gratitude. Les gens qui sont dans la gratitude sont souvent des gens heureux, car elle ouvre le cœur.
C’est encore une sorte de sas qui permet au pratiquant de se recentrer en lui-même, de faire le calme en soi, de se dédier entièrement à ce temps d’étude. Ce faisant, il est exemple et encouragement dans cette voie pour l’autre. Le salut permet d’ouvrir et de clore le travail (si tenté qu’il se ferme un jour… ^^ )
C’est un exercice engageant tout le corps et l’esprit du pratiquant.
Lier le groupe :
Le salut collectif est le moment de rassemblement du groupe autour de l’idée d’unité et de volonté de recherche commune, d'entraide et de prospérité mutuelle ("Jita yuwa kyoei").
Il est ainsi comme un contrat, un pacte signé collectivement et induisant un état d’esprit largement ouvert à l’intérêt commun.
Ancrer dans le corps :
Un acte est d’autant moins gratuit qu’il engage le corps et invite au silence…
C’est dans cet engagement entier, que peut se révéler le changement et que peut être favorisé l’émergence de la Joie inconditionnelle.
Parce que notre mental est habituellement encombré. Encombré « d’objets » parfaitement inutiles ici ; « nos » idées, « nos » espoirs, « nos » craintes et même « nos » rêves … Des « objets » récents, ceux de la journée qui s’achève, comme « notre » fatigue, « notre » travail, « nos » occupations … Et des « objets » plus « lointains » qui s’attachent à nous de manières récurrentes, « nos » regrets, « nos » espoirs, toutes « nos » pensées qui surgissent en fait sans qu’on leur demande … Tous ces « objets » empêchent la véritable observation.
Quand nous sommes profondément silencieux, l’esprit est vigilant et en état d’observation, prêt à toute mobilité.
Ce moment de disponibilité n’est pas sans rappeler la pratique méditative du Zazen.
C’est en effet cet état d’éveil qui est pratiqué : une posture physique et une attitude mentale.
Cette présentation qui ordonne ainsi le corps dans la verticalité, le souffle naturel et l’esprit détaché est l’essence même de cette méditation.
Dans le salut assis (à genoux), cette similarité devient flagrante : Les genoux pressent la terre, et la tête, le ciel. Le bas du dos est tendu et étiré vers le haut, la tête repose, menton rentré, droite sur les épaules, lesquelles, avec le torse, tombent naturellement dans la verticalité et la tension/détente juste. Salut martial ou méditation ? Une seule et même chose.
Selon l’école dans laquelle vous pratiquez et le maître/ enseignant/professeur/instructeur/etc. que vous suivez, le rituel peut varier dans son protocole.
Si vous veniez à aller pratiquer dans un lieu qui vous est inconnu, pour information, afin que vous vous y retrouviez lors des appels préparatoires, les 4 termes japonais les plus couramment utilisés sont :
Ritsu Rei : C’est le salut debout.
Za Rei : pour le salut à genoux.
Shômen Ni Rei : qui peut être traduit par "Saluons la Place d’Honneur".
Sensei Ni Rei : qui signifie "Saluons l’enseignant".
Au Shikando, on dit : « Merci ! ».
Sources utilisées :
JuNoMichi, L’Origine du Judo, suivi de JuNoMichi No Kotoba, de Igor Correa, Loïc Le Hanneur, Rudolf Di Stéphano, Laurent Bruel
http://www.sunyatazenconseil.com/blog/zen/apprecier-zazen.html
http://voie-eveillee-du-coeur.blogspot.fr/2014/10/la-posture-dans-la-meditation-assise.htm