Retour sur L’oos

CR du Stage près de Lille, à Loos, avec l'association Tango? Tango! – 2016/05/04

Retour sur L’oos

Un bel atelier illustrant comment retourner à une étude du corps, du mouvement, un retour aux sources aux fondements naturels de la marche, du geste, de la danse.

Un des buts d’un stage, qu’il soit orienté sur des techniques de danse, sur un travail corporel foncier, ou sur une recherche de développement personnel, est de donner de la matière à travailler par la suite, individuellement.

Et je serais curieux de savoir ce qu’il reste du stage pour chacun de vous…. :)

Voici donc un compte-rendu, que j’ai voulu aussi complet et synthétique que possible (moins de 800 mots), sorte de rappel, de récapitulatif, de révision, d’approfondissement par la reformulation, et surtout d’aide-mémoire, de ce qu’on a traversé et exploré ensemble :

La démarche, créative, consistait justement déjà de se débarrasser des contraintes inutiles qu’on s’ajoute soi-même : des images restrictives de la réalité et de ses possibles.

Nous avons vogués à travers différentes disciplines (Danse-Thérapie, Biodanza, Danse Contact, Eutonie, massage, Feldenkrais, Body-Mind Centering, Tai Chi Chuan, Aunkaï…), qui nous ont permis de trouver les techniques donnant accès à un fil conducteur logique :

de la libération du geste
jusqu’aux guidages de quelques mouvements de base du Tango Argentin,
en passant par l’aiguisement des sensations et la structuration du corps (sentir l’os, comme repère fiable et renouement avec l’intériorité ; sentir les lignes de force, notamment dans la verticalité et la poussée ; ressentir la connexion de l’autre à soi et au sol),
la connexion légère (le jeu de l’aveugle, le jeu avec des baguettes),
les intentions (en tant que préalable à l’action, à la communication et au guidage ; traçant des courants d’énergie dansante ; précisant aussi le sens du geste dansé, associant plaisir et sécurité).

Une des idées de base est, en effet, de trouver ce qui, en deçà de la variété des techniques et des formes, constitue des principes, transposables, universels, naturels, réalistes, compatibles aux différentes contraintes, cohérents, efficaces, ergonomiques, humains, simples. Voilà pourquoi je cherche le retour à l’essentiel.

La découverte des quelques principes proposés à l’occasion de ce stage est le résultat de cette démarche, principes longuement réfléchis et confrontés à de nombreuses autres interprétations techniques et pédagogiques.

Cependant, gardons à la conscience qu’au-delà de la transmission, les conditions du changement ne se situent pas dans le "faire", mais dans "l’être" : on ne cherche donc pas simplement à répondre à une multitude de consignes ("pense à ceci, pense à cela"), on explore plutôt une pensée fédératrice et harmonieuse, une façon d’être à la vie.

- Nous avons donc cherché à créer des changements agréables dans le corps car, quand on est épanoui, notre Tango est plus harmonieux, il respire.

Il s’agit de se mettre dans de bonnes conditions.

La structuration du corps, immédiatement et à terme, ramène à une tension harmonieusement équilibrée, qui elle-même libère le mouvement, une des clés de la mobilité au Tango et de toutes les figures nécessitant la légèreté de la jambe libre de la cavalière – Voleo, Patada, Gancho, Enganche, Sacada…

Cette structuration, simultanément, recentre notre esprit sur le réel et le temps présent… et change notre rapport au monde et notre relation à l’autre !

Le corps structuré permet un principe de base du guidage doux, telle l’alternance respiratoire : celui de la tension et de la résolution, cher à la musicalité.

Au passage, nous nous sommes penchés sur deux concepts vitaux du mouvement : l’attention et l’intention.

- L’attention améliore la conscience, la connexion, et c’est comme si elle diluait les problèmes. Les différents protocoles nous ont amenés à être attentifs à notre corps, nos os, nos tensions musculaires, notre plaisir à être un corps ressenti finement, à la gravité, à la structure de l’autre, à la clarté de nos intentions, au rythme de l’autre…

- Luis Bruni disait que « l’intention résout les problèmes techniques » : une intention éclairée, claire et respectueuse du réel matériel (en cohérence avec lui) permet instantanément un geste plus juste et un guidage précis, riche et ergonomique. Autant de bonnes raisons de s’y être intéressé…

Bein oui… ! On a fait tout ça !!

- Avant de conclure, une parenthèse sur l’utilisation de la verticalité (traduite par une image simple : le compas) dans le guidage a permis d’entrevoir différentes possibilités d’expressions techniques :

- amélioration du guidage du pas (latéral ou avant/arrière)(les pieds de la cavalière s’écartent ;

- Volcada, Colgada (les pieds de la cavalières restent joints)

- Voleo linéaire arrière, Patada (le pas de la cavalière est retenu avant le moment où il est sensé poser au sol pour un pas).

Voilà donc quelques principes simples et cohérents, au plus proche de la réalité, qui permettent de nombreuses applications, universellement transposables, naturels, efficaces, ergonomiques, ainsi récapitulés.

Dans l’application : Récapitulatif de la proposition d’organisation de guidage d’un pas :

- Sentir sa structure (tonus postural)(attention particulière à son corps) ;

- sentir celle du partenaire (attention particulière au corps de l’autre ; connexion) ;

- préparer son corps à l’action (tension)(création d’un tonus, le long de la structure) ;

- ce qui peut préparer simultanément le corps de l’autre à l’action (direction du tonus, affermissement de l’intention)(attention particulière à l’interaction) ;

- projeter son intention (comme le prolongement de son propre corps) ;

- quand le corps du partenaire répond, le mouvement peut aboutir (résolution).

Pour ne pas conclure :

Différents exercices, jeux, expérimentations et explorations nous ont permis de ressentir un retour à l’essentiel, à la sensation, une libération, du plaisir… Espérons que l’atelier, dans son ensemble, vous laisse les mêmes traces dans votre mémoire afin de vous encourager sur cette voie.